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Channel: ORTHODOXOLOGIE
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Hiéromoine Séraphim (Rose): SOUS-HUMANITÉ - LA PHILOSOPHIE DE L'ABSURDE

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Le rouleau porte la mention: 
"l'évolutionnisme est la clef de la philosophie de l'Antéchrist"
Icône roumaine
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L'époque actuelle est, dans un sens profond, une époque d'absurdité. Poètes et dramaturges, peintres et sculpteurs proclament et décrivent le monde comme un chaos désarticulé et l'homme comme un fragment déshumanisé de ce chaos. 

La politique, qu'elle soit de droite, de gauche ou du centre, ne peut plus être considérée que comme un expédient où un léger semblant d'ordre est donné pour le moment, au désordre universel ; les croisés pacifistes et militants sont unis dans une foi absurde dans les faibles pouvoirs des hommes pour remédier à une situation intolérable par des moyens qui ne peuvent que l'aggraver. Les philosophes et autres hommes supposés responsables dans les milieux gouvernementaux, académiques et ecclésiastiques, lorsqu'ils ne se retranchent pas derrière la façade impersonnelle et irresponsable de la spécialisation ou de la bureaucratie, ne font généralement que rationaliser l'état incohérent de l'homme contemporain et de son monde et conseiller un "engagement" inutile dans un optimisme humaniste discrédité, dans un stoïcisme sans espoir, dans des expériences aveugles, ou dans un "engagement irrationnel", ou dans une foi suicidaire en la "foi". 

Mais l'art, la politique et la philosophie d'aujourd'hui ne sont que des reflets de la vie, et s'ils sont devenus absurdes, c'est parce que, dans une large mesure, la vie est devenue ainsi. L'exemple le plus frappant de l'absurdité de la vie de ces derniers temps était, bien sûr, le "nouvel ordre" d'Hitler, dans lequel un homme supposé normal et civilisé pouvait être à la fois un interprète accompli et émouvant de Bach (comme Himmler) et un meurtrier habile de millions d’hommes, ou qui pourrait organiser la visite d'un camp d'extermination qui coïncide avec une série de concerts ou une exposition artistique. Hitler lui-même, en effet, était l'homme absurde par excellence, passant du néant à la domination du monde et de retour au néant en l'espace d'une douzaine d'années, ne laissant comme monument qu'un monde brisé, dû à son succès insignifiant au fait que lui, le plus vide des hommes, incarnait le vide des hommes de son temps. 

Le monde surréaliste d'Hitler appartient désormais au passé, mais le monde n'est passé de l'ère de l'absurdité à un stade plus avancé, quoique temporairement plus calme, de la même maladie. Les hommes ont inventé une arme pour exprimer, mieux que l'évangile de destruction d'Hitler, leur incohérence et leur nihilisme ; et dans son ombre les hommes sont paralysés, entre les extrêmes d'une puissance extérieure et une impuissance intérieure sans précédent. En même temps, les pauvres et les "défavorisés" du monde se sont éveillés à la vie consciente et recherchent l'abondance et le privilège ; ceux qui les possèdent déjà gaspillent leur vie dans la poursuite de choses vaines, ou deviennent désillusionnés et meurent d'ennui et de désespoir, ou commettent des crimes insensés. Presque le monde entier, semble-t-il, est divisé entre ceux qui mènent des vies futiles et insignifiantes sans s'en rendre compte, et ceux qui, s'en rendant compte, sont poussés à la folie et au suicide. […] 

Il en est de même pour l'absurde ; c'est le côté négatif d'une réalité positive. Il y a, bien sûr, un élément d'incohérence dans notre monde, car dans sa chute du Paradis, l'homme a amené le monde avec lui ; la philosophie de l'absurde n'est donc pas fondée sur un mensonge total, mais sur une demi vérité trompeuse. Mais quand Camus définit l'absurdité comme la confrontation du besoin de raison de l'homme avec l'irrationalité du monde, quand il croit que l'homme est une victime innocente et que le monde le coupable, il a, comme tous les absurdes, magnifié une vision très partielle dans une vision totalement déformée des choses ; et dans son aveuglement, il est arrivé exactement à inverser la vérité. L'absurde, en fin de compte, est une question interne et non externe ; ce n'est pas le monde qui est irrationnel et incohérent, mais l'homme. 

Mais si l'absurde est responsable de ne pas voir les choses telles qu'elles sont, et même de ne pas vouloir les voir telles qu'elles sont, le chrétien est encore plus responsable de ne pas donner l'exemple d'une vie pleinement cohérente, une vie en Christ. Le compromis chrétien dans la pensée, la parole et la négligence dans les actes ont ouvert la voie au triomphe des forces de l'absurde, de Satan, de l'Antéchrist. L'époque actuelle de l'absurdité est la juste récompense des chrétiens qui n'ont pas réussi à être chrétiens. 

Et le seul remède à l'absurde se trouve à sa source : nous devons redevenir chrétiens. Camus avait raison quand il a dit : "Nous devons choisir entre les miracles et l'absurde." Car, à cet égard, le christianisme et l’'absurde s'opposent également au rationalisme et à l'humanisme des Lumières, à l'idée que la réalité peut être réduite à des termes purement rationnels et humains. Nous devons en effet choisir entre la vision miraculeuse, la vision chrétienne des choses, dont le centre est Dieu et dont la fin est le Royaume éternel des Cieux, et l'absurde, la vision satanique des choses, dont le centre est le moi déchu et dont la fin est l'enfer, dans cette vie et dans la vie à venir ». 

Nous devons redevenir chrétiens. Il est futile, en fait c'est précisément absurde, de parler de société réformatrice, de changer le chemin de l'histoire, d'émerger dans une époque au-delà de l'absurde, si nous n'avons pas le Christ dans notre cœur ; et si nous avons le Christ dans notre cœur, rien d'autre ne compte. 

Il est bien sûr possible qu'il y ait un âge au-delà de l'absurde ; il est plus probable, peut-être - et les chrétiens doivent toujours être préparés à cette éventualité - qu'il n'y en aura pas, et que l'âge de l'absurde est bien le dernier âge. Il se peut que le témoignage final que les chrétiens pourront donner à cet âge soit le témoignage ultime, le sang de leur martyre. 

Mais c'est un motif de réjouissance et non de désespoir. Car l'espérance des chrétiens n'est pas de ce monde ni dans aucun de ses royaumes - cette espérance, en effet, est l'absurdité ultime ; l'espérance des chrétiens est dans le Royaume de Dieu qui n'est pas de ce monde.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d’après



LA PRIÈRE MONASTIQUE A SAUVÉ LES SURVIVANTS D'UN NAUFRAGE PRÈS DE LA CÔTE INDIENNE

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Cette histoire a été racontée par l'higoumène Théodosie (Dyatchkova). Mère Supérieure du Couvent de la Nativité du Christ dans le diocèse de Vyatka.


"Récemment, raconte l'higoumène Théodosie, une femme m'a exprimé ses remerciements. "La paroissienne m'a dit qu'il n'y a pas si longtemps, en octobre, juste avant que ses enfants ne partent en vacances, elle a demandé la lecture du Psautier avec la mention de leurs noms, afin que les moniales du couvent puissent prier quotidiennement pour ses enfants. 

Ses enfants et ses petits-enfants - quatre personnes en tout - se trouvaient à bord même du navire qui a subi un naufrage près de la côte indienne, mais par miracle, ils ont survécu et n'ont pas été blessés du tout. La femme a ainsi expérimenté elle-même l'effet de la prière monastique et la puissance de la lecture perpétuelle du Psautier."

Le 28 octobre, un navire touristique a fait naufrage près de la côte indienne, rappelle le site web du diocèse de Vyatka.

Trois des dix passagers russes qui ont affrété le navire sont morts. Parmi les naufragés qui ont miraculeusement survécu se trouvaient les enfants et petits-enfants adultes (tous sains et saufs !) de la paroissienne du couvent de la Nativité du Christ (dans la ville de Slobodskoy, région de Kirov) qui, avant le début des vacances de ses proches, avait fait en sorte que "la lecture perpétuelle du Psautier soit dite pour leur santé".

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
et


ST. ATHANASE (SAKHAROV) : CONSEILS SPIRITUELS ET EXTRAITS DE LETTRES DURANT SA CAPTIVITE

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St. Athanase

Le 15/28 octobre, l'Eglise commémore saint Athanase [Sakharov], évêque de Kovrov, confesseur de la foi. Théologien et liturgiste, auteur de services religieux, saint Athanase a emprunté le chemin épineux des persécutions, et ni les procès en prison, ni les camps et l'exil ne purent jamais saper sa foi. C'est la prière qui l'a nourri. Serge Fudel, écrivain russe, destiné à porter un lourd fardeau, se souvient du saint dans ses livres. "Avant sa mort, il dit à ses amis comment sortir de toutes les difficultés : La prière vous sauvera tous." Ces paroles étaient quelques-unes de ses derniers paroles. Dans sa Commémoration des défunts, il écrivait (approximativement dans les années 1950) : " Chacun devrait prier pour tous les hommes." Il resta donc fidèle à sa nature, à son esprit de prière monastique, qui, s'il est authentique, est l'esprit du christianisme primitif."

Cet esprit se manifeste à la fois dans les lettres écrites par saint Athanase pendant son incarcération et dans ses conseils spirituels. Nous publions aujourd'hui certains extraits de ces lettres.

Plus de cent soixante-dix mille ecclésiastiques orthodoxes furent arrêtés en 1917-1943 ; cent quinze mille furent fusillés. Athanase Sakharov a passé plus de trente ans dans des prisons et des camps d'internement.

***

Je préférerais que toutes nos églises soient fermées [plutôt que de devenir schismatique], car les orthodoxes ne doivent pas prier avec les schismatiques.[1]

***

Regardez, tous ces gens de l'"Eglise vivante" sont imprégnés d'un sentiment de rage qui n'est pas un sentiment chrétien. Ils sont sous le contrôle total de l'esprit de rage et ils n'ont pas la sérénité. Maintenant je peux voir des évêques et des prêtres, incarcérés pour leur travail au Nom du Christ, et j'entends parler de pasteurs orthodoxes dans diverses prisons. Quelle paix et quelle joie ils possèdent tous !

***   


Nous ne devrions en aucun cas avoir peur de la prison. Ici, c'est mieux qu'à l'extérieur. Je le dis sans exagération. Voici la vraie Église orthodoxe.[2]

***

Ma chère et gentille mère,

Comme j'étais heureux de te voir un instant, de t'embrasser au moins une fois. C'est bien que toi, comme je l'ai vu, tu te remontes le moral. Sois de bonne humeur, ne perds pas le moral.

***

Seigneur, préserve ceux qui sont encore vivants, préserve-les sains et saufs, laisse-moi les voir encore une fois dans ce monde.

***

Je m'abandonne à la volonté de Dieu ; si je me sens parfois angoissé, je ne tombe pas dans le découragement, même si je suis épuisé physiquement ou mentalement, je ne perds jamais espoir et, avec l'aide de Dieu, je ne murmure pas.

***

Moïse a enduré, Elisée a enduré, Elisée et Elie ont enduré les épreuves- ainsi je supporterai aussi les épreuves.

***

Je vais bientôt être jugé, mais ce ne sera pas miséricordieux. Quoi qu'il en soit, nous ne devrions rien attendre des procès terrestres et des juges terrestres. Le Seigneur sera notre juge.

***

Toutes les chaînes et les calamités sont la pénitence infligée par le Seigneur Lui-même.   

Sur la foi

Quel grand réconfort que notre foi ! Nous ne sommes pas découragés dans les peines et nous sommes rayonnants quand nous sommes frappés par l'épreuve.

***   

Quel grand trésor est notre foi ! Elle nous apporte la paix, la consolation et le plaisir en toutes circonstances ! Un chrétien fidèle dira toujours avec le saint apôtre : "On nous insulte, on  bénit, on nous persécute, nous le supportons, on nous diffame, nous supplions." Gloire à Dieu pour toutes choses !

De l'amour et de l'humilité

Nous devons posséder deux choses, l'amour et l'humilité, afin que notre cœur soit libre de la moindre ombre de colère ou d'hostilité, même envers nos ennemis. Portez les infirmités des faibles, et ne vous faites pas plaisir.

***

Ne soyez pas indolents dans la prière, n'oubliez pas Dieu, aimez votre père et votre mère, soyez soumis et ne les contrariez pas ; aimez-vous les uns les autres, et n'offensez personne, aimez tout le monde, dites seulement la vérité. Alors vous serez aimés, et Dieu vous assistera en tout.

***

Je crois vraiment que ni la mort ni la distance ne peuvent limiter l'amour chrétien.
***

Soyez patient, ne vous vexez pas et, surtout, ne vous fâchez pas. Vous ne combattrez ni ne bannirez jamais le mal par le mal. Le mal ne craint que l'amour, que la miséricorde.

***

Sur les privations

Je crois fermement que la privation de ce que nous désirons particulièrement, de ce qui est le plus précieux, sera acceptée par le Seigneur comme un sacrifice qui Lui est agréable.

Sur les maladies, la souffrance et la mort

Il vaut mieux oublier nos misères passées et ne pas s'en souvenir, ne pas ouvrir les plaies qui guérissent. Guidés par la parole de l'Apôtre, tournons notre regard vers ce qui nous attend, avançant avec espérance, en oubliant le passé.

***
Les larmes apaisent l'épreuve. Pleure un peu et tu trouveras consolation.

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Le Sauveur est ici, il est à côté de toi, il ne te laisse pas un seul instant. Parfois, Il semble nous avoir abandonnés, mais il nous semble que c'est seulement une illusion pour nous, les faibles. Il est toujours avec nous, Il nous voit souffrir et nous donnera des couronnes dans le ciel pour cela.

***

Nous devons endurer tous les maux avec patience, mais nous ne devons pas ignorer le traitement médical de peur de nous affaiblir dans notre maladie, de succomber au découragement et de commencer à murmurer.

***

Les saints Pères associaient les maux au martyre, et les martyrs reçoivent des couronnes dans le ciel et jouissent de la joie éternelle.

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Que la volonté de Dieu soit faite... Glorifions Dieu aussi pour les afflictions. Gloire à Dieu pour toutes choses !

Sur les préoccupations quotidiennes et le temps

Je souffre de tout cœur avec tous mes amis aigris et affligés, ceux qui travaillent et n'ont presque pas de repos, qui ont constamment du mal à gagner leur pain quotidien, qui se lamentent d'être séparés de leurs êtres chers et aimés, ceux qui ne peuvent passer autant de temps qu'ils le voudraient, même avec ceux qui vivent dans la même pièce qu'eux. C'est le plus grand problème de notre époque.

***

Aujourd'hui, l'homme cherche à rendre son travail plus facile avec l'aide de diverses technologies, à passer moins de temps sur son travail. Cependant, Dieu ne bénit pas cela. Par conséquent, au lieu de gagner plus de temps pour sa vie personnelle, l'homme n'en a presque pas.

Sur la miséricorde de Dieu


Je crois que le nombre infini de nos péchés s'évanouira dans l'abîme de la miséricorde de Dieu.

***

Le jugement de Dieu est différent du jugement des hommes. Ici, ils cherchent tout comme raison pour rendre un verdict ; là, et j'espère que ce n'est pas un péché de le dire comme ça, ils chercheront tout comme raison d'exonération [de pardon].

***

Nous avons beaucoup de péchés, mais la miséricorde de Dieu est sans limite.

***

En effet, très peu sont sauvés pour leurs actes. Le nombre de ceux qui sont sauvés par la miséricorde de Dieu et Son amour pour l'humanité est infini.

***

La porte de la miséricorde du Seigneur est toujours ouverte. Elle s'ouvre, si on la pousse légèrement. Ta poussée est une humble prière : "Je suis à Toi, sauve-moi."

***

Je vous remercie tous de tout cœur, vous bénis tous et prie pour vous tous.

***

État de l'Église avant et pendant la période soviétique



1914-1939 reflète la persécution contre l'Église par le régime soviétique.



1952-1962 reflète la réouverture d'églises, de monastères et de séminaires pendant la Seconde Guerre mondiale et les persécutions qui ont suivi sous la direction de Nikita Khrouchtchev.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

NOTES:

[1] Il faisait allusion à l'église vivante, secte pseudo-orthodoxe bolchévique créée par les communistes pour lutter contre l'Eglise canonique

[2] C'est-à-dire que les chrétiens orthodoxes fidèles étaient en prison, persécutés pour la foi, alors que ceux qui trahissaient la foi, étaient libres.

État de l'Église avant et pendant la période soviétique



1914-1939 reflète la persécution contre l'Église par le régime soviétique.

1952-1962 reflète la réouverture d'églises, de monastères et de séminaires pendant la Seconde Guerre mondiale et les persécutions qui ont suivi sous la direction de Nikita Khrouchtchev.




Reliquaire de saint Athanase

Archevêque Théodose (Snigiryov), archevêque de Boyarka: "SI LE PHANAR CONTINUE A SYSTÉMATIQUEMENT DIVISER L'ORTHODOXIE, ALORS TOUT PEUT ARRIVER"

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Archevêque Théodose (Snigiryov), 
archevêque de Boyarka

Au début de notre conversation avec Vladyka Théodose (Snigirev) de Boyarka, l'un des orateurs de l'Eglise orthodoxe ukrainienne canonique, nous feuilletons les dossiers des périodiques religieux de 1992 qui racontent les événements d'il y a vingt-sept ans. 

A l'arrivée à Kiev, le 10 juin 1992, de Sa Béatitude le Métropolite Vladimir (Sabodan) de Kiev et de toute l'Ukraine († 2014), élu primat de l'Eglise orthodoxe ukrainienne canonique au Concile historique de Kharkov (en mai 1992), des télégrammes de félicitations et des lettres arrivèrent dans la Métropole venant des chefs des églises locales, y compris Constantinople et l'Église grecque, qui a souligné la reconnaissance de l'Église orthodoxe ukrainienne - comme seule Église canonique et indépendante dans son administration sur le territoire de l'État nouvellement établi de l'Ukraine. 

Les textes de ces documents ont été publiés dans les publications officielles de l'Eglise orthodoxe ukrainienne canonique "Gazette de l'Eglise Orthodoxe" et dans la revue "Le Héraut Orthodoxe". Par la suite, des représentants des Églises de Constantinople et de Grèce ont participé à de nombreuses reprises aux célébrations de l'Eglise orthodoxe ukrainienne canonique à Kiev, sur la colline Vladimir et dans la Laure des Grottes de Kiev le jour du baptême de Rus', et ont condamné à plusieurs reprises le schisme de l'ancien métropolite Philarète, comme l'ont montré les lettres, rapports et communiqués publiés par ces églises.

***

Vladyka, pouvez-vous expliquer une telle contradiction dans la position officielle des Églises de Constantinople et de Grèce ? Comme vous le savez, lors de son dernier Concile, l'Eglise orthodoxe grecque a déclaré la reconnaissance de "'l'autocéphalie ukrainienne" et le droit du Patriarcat de Constantinople de l'accorder unilatéralement. En même temps, le texte de la décision du Concile l'Eglise orthodoxe grecque ne mentionne pas du tout ce qu'on appelle l'Eglise orthodoxe ukrainienne canonique, mais ne parle que de la reconnaissance d'une certaine "autocéphalie". Que signifie cette "casuistique" ?

-Dans ce cas, nous voyons un exemple classique de substitution de concepts, pour tromper les fidèles du monde grec. En général, la substitution des significations et leur déformation furent utilisées par l'Ennemi de la race humaine depuis des temps immémoriaux pour tromper les gens. Dans les Acathistes de la Très Sainte Génitrice de Dieu, nous trouvons parfois ces paroles adressées à la Mère de Dieu : "Réjouis-toi, toi qui abolis le corrupteur des significations." Le destructeur de sens, c'est-à-dire celui qui corrompt les concepts et substitue les sens, est le Diable, l'éternel menteur. Dans ce cas, le système de mensonges et de substitution de concepts dans la question de l'Église ukrainienne, développé par les schismatiques ukrainiens, a été imposé au Concile des évêques grecs par le Phanar, et beaucoup semblent l'avoir cru et accepté.

La tromperie et la corruption des significations résident dans le fait que l'autocéphalie n'est pas du tout la question clé dans le "paquet" ukrainien. La gravité du problème n'est pas de savoir qui, comment et dans quelles circonstances cette autocéphalie peut être accordée. Ce sont là des questions secondaires qui peuvent être discutées et qui ont été discutées dans le cadre des contacts inter orthodoxes. Le problème principal, qui a donné naissance à la division et menace l'Orthodoxie d'un schisme irréparable, est la "légalisation" anticanonique du schisme de Philarète, la reconnaissance des laïcs comme évêques et la concélébration avec eux, et la reconnaissance de la structure politique quasi ecclésiale, parallèle à celle de l'Église orthodoxe ukrainienne canonique, comme "église d'Ukraine". La deuxième question importante est à la limite de l'hérésie - la vaticanisation du Phanar et son invasion du territoire canonique étranger, qui a provoqué la persécution des fidèles de l'Église orthodoxe ukrainienne canonique. Ce sont là les vrais problèmes, les questions qui pourraient diviser à nouveau l'Église, comme il y a mille ans.

Et ils parlent d'un certain droit d'accorder l'autocéphalie à leur Concile des évêques, alors que les principales questions restent dans l'ombre. Et sur cette base, ils adoptent un communiqué catastrophique. C'est terrible de penser aux conséquences d'une telle négligence de la part de la majorité des participants au Concile de l'Église grecque. L'ordre du jour à l'agenda changé leur a évidemment été imposé de l'extérieur. Et ils auraient très bien pu le reconnaître et le rejeter. Mais ils ne l'ont pas fait.

-Nous savons que toutes les hiérarques de l'Eglise orthodoxe grecque, ou du Patriarcat de Constantinople, ne sont pas d'accord pour reconnaître "l'église orthodoxe ukrainienne" schismatique. Qu'est-ce que cela indique sur les tendances au schisme au sein de ces Églises ?

-Cela témoigne du fait que toutes les hiérarques de ces Églises n'ont pas réussi à contracter la bactérie du papisme oriental, ce qui signifie que les mensonges des schismatiques ukrainiens ne peuvent pas si facilement pénétrer leur esprit. Le courage d'un grand nombre de métropolites, de prêtres, de laïcs et de théologiens grecs qui défendent le droit à la Vérité malgré la pression hiérarchique suscite une admiration spirituelle. La vérité est de leur côté. Je suis sûr que précisément ces hiérarques et ces laïcs sont maintenant, aux yeux de Dieu, la véritable Église de Grèce, sa gloire et son honneur.

Quant à la possibilité d'un schisme au sein des Églises locales, espérons qu'on n'en arrivera pas là. Bien que si le Seigneur ne place pas, de manière connue de Lui seul, une limite à l'attaque du Patriarche Bartholomée, et que le Phanar continue à diviser systématiquement l'Orthodoxie, alors tout peut arriver.

Vladyka, qu'est-ce qui, à votre avis, peut contrer ces phénomènes ?

-Définissons d'abord les concepts. Vous parlez maintenant d'une démarcation canonique entre des groupes d'Églises orthodoxes locales, et non d'un schisme sur le modèle de l'Orthodoxie : la "Phanarodoxie ?" Après tout, cette ligne - l'Orthodoxie - la " phanarodoxie " - ne se situera pas seulement entre les Églises, mais au sein des Églises locales elles-mêmes, c'est-à-dire entre les ascètes de la foi et les zélotes des canons de l'Orthodoxie d'une part, et les œcuménistes, les libéraux religieux et les ethnophiles grecs d'autre part. Et si, par l'intervention et l'admonition de Dieu, les Phanariotes - les nouveaux papistes - ne parviennent pas à comprendre la Vérité et à se repentir, alors une telle division globale entre Orthodoxie et "Phanarodoxie" est entièrement possible et pas lointaine. Mais dans ce cas, l'Église orthodoxe ne sera purifiée que d'un élément étranger, de nouvelles hérésies.

Si nous parlons d'un schisme entre les différentes Eglises locales orthodoxes à l'intérieur de leurs frontières, en raison de la situation inter orthodoxe actuelle, alors, en théorie, malheureusement, même cela est possible. Et par le raisonnement humain, tout y conduit. Mais j'espère que le Seigneur ne le permettra pas, sinon, les prophéties des saints, y compris des temps nouveaux, en auraient beaucoup parlé. Mais ils ne l'ont pas fait. Au contraire, ils ont parlé autrement, en disant beaucoup de choses qui inspirent l'optimisme. Je crois que le Seigneur corrigera la situation avec de telles circonstances qu'avec le temps, les orthodoxes ne se souviendront qu'avec un sourire de la minuscule mais orgueilleuse hérésie du papisme oriental, qui sera tombée dans l'oubli.

Comment contrer la possibilité d'une fracture globale en Orthodoxie ? Tout d'abord, l'espérance en Dieu, la prière à Lui, la prière sincère, avec des soupirs. Que cette prière soit même brève, mais quotidienne et sincère. Si nous prions ainsi pour l'unité, il nous sera difficile de calomnier nos adversaires sans regarder en arrière. C'est très important en ce moment. Nous pouvons critiquer leurs fausses doctrines, leurs erreurs et leurs actions destructrices, mais nous ne devons pas passer à insulter personnellement des hiérarques et des concepts humiliants qui sont sacrés pour le monde grec, s'ils ne sont pas hérétiques, bien sûr. Malheureusement, tous les apologistes de notre côté ou du leur adhèrent à ces règles évidentes de polémiques. Parfois, il s'agit d'insultes personnelles et de grossièreté pure et simple. Cela ne peut pas apporter la paix ; c'est le Diable qui souffle ce vent, d'autant plus que les paroles offensantes et les déclarations imprudentes signifient beaucoup plus pour ceux des cultures orientales que pour nous, les peuples " du Nord. " Il y aura une grande honte à ce sujet quand tout s'arrangera plus tard.

-Parallèlement à ce qui se passe, dans les actions de Constantinople, et maintenant d'Athènes, nous voyons la tendance de nouveaux contacts entre le Patriarche Bartholomée et le Trône de Rome. Il a également reçu le chef des Grecs catholiques ukrainiens [Uniates]. Est-ce que cela recoupe d'une certaine façon le thème du schisme en Ukraine ?

-Le philocatholicisme de nombreuses hiérarques qui soutiennent aujourd'hui le patriarche Bartholomée dans ses actions anti-canoniques en Ukraine n'est un secret pour personne, ni ici, ni en Grèce. S'agit-il d'une preuve d'un mouvement organisé et planifié de "l'orthodoxie libérale" dans l'étreinte du Pape ? Je ne sais pas. Beaucoup considèrent qu'il en est ainsi. Quoi qu'il en soit, il existe une tendance malsaine. Qu'elle soit réfléchie ou situationnelle - " l'appel du cœur " - est difficile à dire, mais il existe, et c'est évident. Et pour les hiérarques étrangers philocatholiques orthodoxes, leur dérive vers l'uniatisme semble consciente et désirée depuis longtemps, alors ils y conduiront nos schismatiques de l'église orthodoxe ukrainienne schismatique en laisse, sans leur demander leur avis.

Pour plus de clarté, comparez le niveau intellectuel et théologique, et le degré d'autorité des figures clés de l'église orthodoxe ukrainienne schismatique et de l'église grec que catholique ukrainienne [uniate], par exemple. Ils sont d'ampleur complètement différente. Nous n'allons même pas prendre des représentants du Vatican ou du Phanar comme exemples - il n'y a tout simplement pas de comparaison. Ajoutez à cela la conscience canonique floue de l'église orthodoxe ukrainienne schismatique, leur manque d'indépendance et d'obéissance inconditionnelle au Phanar, leur crainte des autorités des centres étrangers, et leur obéissance aux pouvoirs séculiers. Pouvons-nous vraiment supposer que quand cela sera nécessaire, ils s'opposeront soudainement à tout cela et se tiendront en "défense de l'Orthodoxie" et sacrifieront tout au nom de la Vérité ? C'est douteux. Il est fort probable qu'ils marcheront sur les traces de leurs protecteurs. Nombreux sont ceux qui pensent qu'il est prévu de faire l'essai d'un nouvel uniatisme avec cette structure. D'autres pensent que cela pourrait devenir une monnaie d'échange dans la grande géopolitique religieuse. Nous ne pouvons que supposer. Mais il est absolument certain que tout cela se trouve dans le canal que les puissants de ce monde sont en train de tracer pour lutter contre l'Orthodoxie - dernier avant-poste de la vérité sur Terre.

-Les fidèles se demandent s'ils peuvent visiter les églises de  à l'étranger et se rendre dans les églises de l'église orthodoxe ukrainienne schismatique ici en Ukraine, participer à leurs sacrements - baptêmes, mariages, funérailles ?

-Nous avons eu une conversation détaillée il n'y a pas si longtemps sur les églises de l'église orthodoxe ukrainienne schismatique et sur la grâce de leurs "sacrements", alors je dirai juste quelques mots maintenant. Nous ne pouvons pas aller dans ces églises. La situation dans cette structure n'a pas changé du tout ; Des laïcs en ornements y "célèbrent les sacrements".[1]

Il n'y a pas eu et il n'y a pas de succession apostolique, et cela signifie qu'il n'y a pas de grâce sacramentelle.

Quant à l'Église grecque, selon la récente décision du Saint Synode, "la communication priante et eucharistique avec les évêques de l'Église grecque qui sont entrés ou entreront en communication avec les représentants des communautés schismatiques non canoniques ukrainiennes" est interrompue. Les pèlerinages dans les diocèses gouvernés par les évêques susmentionnés ne sont pas bénis non plus. La liste de ces hiérarques et de ces diocèses sera respectée et publiée - une décision très sage et mesurée du Saint Synode.

En même temps, il faut comprendre que l'arrêt de la communion eucharistique est une mesure disciplinaire et ne fait nullement référence à un manque de grâce dans les sacrements célébrés par les évêques précités et dans leurs diocèses. Je parle de cela d'autant plus qu'il y a eu récemment une large discussion parmi les orthodoxes pour savoir s'il y a de la grâce dans les sacrements célébrés par les hiérarques qui reconnaissent l'église orthodoxe ukrainienne schismatique, et s'il est possible "d'attraper" le schisme en servant avec le patriarche Bartholomée ou en priant à un office où Serge Doumenko (alias Epiphane) est commémoré, ou une autre manière...

Mais ça ne fonctionne pas complètement comme cela. Selon la tradition et la pratique séculaires de l'Église orthodoxe et l'esprit des règles et précédents canoniques de l'histoire de l'Église, mériter une punition canonique et y être soumis n'est pas la même chose. Tant qu'un clerc n'est pas défroqué, mais qu'il le mérite, les sacrements qu'il célèbre sont considérés comme valides - même s'il ose pécher pour les célébrer en étant suspendu (mais pas encore défroqué !). Pour cela, il y a le "défroquage" canonique, qui met une limite définitive aux rites d'une telle personne. Par conséquent, le patriarche Bartholomée, sans parler des hiérarques et des clercs qui servent avec lui, n'est pas dépourvu de Grâce dans les sacrements qu'il célèbre, même en servant avec le laïc Serge Doumenko (Epiphane). Bien qu'il commette de graves péchés, et qu'il soit, sans aucun doute, soumis au tribunal ecclésiastique. Mais ce n'est pas encore arrivé.

Par conséquent, la rupture de la communion eucharistique avec le patriarcat de Constantinople dans son ensemble et avec un certain nombre de hiérarques de l'Église grecque est pour nous une mesure disciplinaire, comme une quarantaine qui nous protège, afin de ne pas être jugés par les canons et préservés du danger d'être défroqués. Cette rupture ne parle pas d'une absence de Grâce dans les sacrements des hiérarques grecs. Tant qu'ils pécheront mais ne seront pas condamnés par un concile, ils ne seront pas défroqués, et les sacrements qu'ils célébreront, y compris les ordinations, seront reconnus comme légaux dans l'histoire. C'est-à-dire, c'est ainsi qu'ils sont maintenant pour nous, contrairement aux "sacrements" de l'église orthodoxe ukrainienne schismatique, par exemple, où le fil de la succession apostolique est rompu. 

C'est le système de coordonnées canoniques qui a fonctionné dans l'Église orthodoxe tout au long de son histoire. Les questions complexes des schismes de guérison et du retour repentant à l'Église de ceux qui en sont sortis, dans leur dignité cléricale ou non, ont toujours été résolues dans ce système de coordonnées. C'est précisément dans ce système de coordonnées que les "écuries d'Augias " [2] que le Phanar a maintenant emplies, mêlant le juste au pécheur, le licite à l'anarchique, seront vidées à temps.

Version française Claude Lopez-Ginisty 
d'après

1 S'il semble courant de qualifier le "clergé" de "l'église orthodoxe ukrainienne schismatique" de simples laïcs, il serait plus juste de dire qu'ils ne sont même pas laïcs, puisqu'ils ne sont pas membres de l'Église orthodoxe .

2 Cf. la mythologie classique : les écuries dans lesquelles le roi Augias gardait 3.000 bœufs, et qui n'avaient pas été nettoyées depuis 30 ans. Le nettoyage de ces écuries fut effectué par Hercule, qui détourna la rivière Alphée par leur intermédiaire.

Higoumène Tryphon: Créer un environnement chrétien à la maison

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 27 OCTOBRE 2019
La création d'une maison chrétienne commence par le coin d'icône. Le "coin lumineux" [ou beau coin] devient le centre de chaque église domestique, et le lieu où se déroulent les dévotions familiales. C'est aussi la manière de la famille de déclarer aux visiteurs qu'il s'agit d'une maison chrétienne, dont le Christ est la tête. Parce que l'époux est une sorte de prêtre domestique (le sacerdoce de tous les croyants), il est important qu'il soit celui qui dirige toute la famille dans la prière.

Chaque membre de la famille doit avoir sa propre icône de saint patron. Une pratique merveilleuse de l'antiquité est d'avoir une icône de famille écrite de sorte que tous leurs saints patrons soient représentés sur la même icône.

La famille devrait faire de son mieux pour dîner ensemble tous les soirs de la semaine. Regarder la télévision en mangeant le dîner est une très mauvaise idée, car le repas devrait être le moment où les parents peuvent parler à leurs enfants de l'école ou d'autres activités. En ces temps modernes, il y a presque toujours des activités scolaires ou professionnelles qui ne permettent pas toujours à tout le monde d'être ensemble pour ce repas familial important, mais tous les efforts devraient être faits pour que cela se produise aussi souvent que possible.

La bénédiction de la nourriture, avec le père ou la mère faisant le signe de croix avec leurs doigts sur le repas ensemble comme ils le font en se bénissant eux-mêmes, ne devrait jamais être évitée. Si nous disons toujours une bénédiction sur notre nourriture à la maison et rendons grâce à Dieu pour tout ce qu'Il nous a donné, nous sommes plus susceptibles de le faire à l'école ou au restaurant.

On a tous vu ces autocollants sur les pare-chocs qui disent : "Kill Your TV [Tuez votre Télévision!]". La télévision et la surutilisation d'Internet font des ravages dans la vie familiale. Ne laissez pas ces envahisseurs étrangers entrer chez vous pour remplacer le Christ comme chef de famille. Les mauvaises habitudes sont difficiles à surmonter, donc les remplacer par des moments en commun dans le salon peut être difficile au début, mais c'est nécessaire pour la fondation de base de toute maison chrétienne.

Protégez aussi votre maison des autres envahisseurs. Les magazines et autres documents de lecture devraient être convenables pour un foyer chrétien. Si vous ne voulez pas que votre prêtre voit un magazine ou un livre [incorrect] dans votre maison, il ne devrait pas être là en premier lieu. La musique jouée à la maison devrait également être édifiante et dépourvue de blasphème et de vulgarité.

Des réunions de famille régulières où tout le monde a l'occasion de parler des choses et où l'atmosphère est aimante, ouverte et sûre, aident à créer la confiance et un sentiment de sécurité pour tous. Il est naturel que les parents se disputent à l'occasion, mais cela ne devrait jamais se faire devant les enfants. Ils ont besoin de se sentir en sécurité.

Les garçons doivent voir leurs pères comme des icônes du Christ à la maison, démontrant l'image biblique d'un mari et d'un père. Vous, les hommes, vous avez besoin, pour le bien de vos enfants, de témoigner de l'importance de la prière et de la fréquentation de l'Eglise. Statistiquement, les enfants dont le père va à l'église sont beaucoup plus susceptibles de rester à l'Eglise à l'âge adulte. Ne laissez pas l'instruction spirituelle à vos femmes. Vous serez tenu responsable devant le Trône de Dieu pour vos enfants.

Les hommes ne devraient pas laisser leur femme faire tout le ménage et toute la cuisine. À une époque où le mari et la femme doivent souvent occuper un emploi pour joindre les deux bouts, le travail d'une femme n'est pas seulement un travail domestique. Elle ne devrait pas avoir à rentrer du travail et à faire tout le ménage et la cuisine toute seule. Les hommes doivent donner l'exemple à leurs enfants pour les aider à la maison.

Les enfants devraient recevoir une petite allocation d'argent de poche (en fonction de leur âge) pour qu'ils puissent apprendre à gérer l'argent, et une partie importante de la gestion de l'argent est la dîme. Le commandement biblique de redonner dix pour cent de son revenu à Dieu n'est presque jamais enseigné dans l'Église orthodoxe, c'est pourquoi tant de membres du clergé reçoivent des salaires si maigres, et les paroisses doivent organiser des fêtes religieuses. Quand nous négligeons la dîme, nous volons Dieu ! Un enfant qui donne comme dîme dix pour cent de son allocation deviendra un chrétien orthodoxe adulte qui continuera à le faire.

Ce sont des suggestions de base pour créer un foyer orthodoxe. Si vous commencez à mettre en œuvre ces suggestions, le Seigneur vous récompensera avec une famille qui est forte et vos enfants grandiront comme des chrétiens spirituellement sains, enracinés dans les enseignements bibliques et la force morale. Vos petits-enfants seront, en retour, élevés avec les mêmes principes bibliques et vous serez les grands-parents les plus bénis de votre quartier !

Avec amour en Christ,

Higoumène Tryphon


Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

Staretz Daniel de Katounakia: UNE BONNE PERSONNE NE VOIT QUE LE BIEN EN TOUT

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Le staretz Daniel de Katounakia parle du staretz Philarète, le grand ermite de la région rocheuse de Karoulia.

La chaussure comme moyen d'humilité

J'ai lu ce qui suit dans "L'histoire Lausiaque" de Palladius sur la vie de saint Horus : "Au début, vivant dans le désert, il mangeait des herbes et de douces racines, buvait de l'eau quand il pouvait la trouver, et passait tout son temps à prier et à chanter." Je pense que c'est une description tout à fait appropriée de la vie ascétique du Père Philarète. Comme l'une des fleurs parfumées qui poussaient sur les rochers de Karoulia, il était un véritable ami de la vertu.

Il marchait toujours pieds nus ; et un jour, notre staretz, le Père Géronte, désireux de vérifier si son amour et sa simplicité venaient de Dieu et non de l'égoïsme, lui dit :

"Père Philarète.."

"Bénis, Geronda !"

"Tu es un hypocrite ! Tu te promènes pieds nus dans un vieux rasson, pour montrer ton humilité !"

"Geronda, répondit le Père Philarète en baissant humblement le regard, oui, je suis un hypocrite ! Que dois-je faire pour me débarrasser de cette infirmité ?"

"A partir d'aujourd'hui, marche avec des chaussures !"

"D'accord, Geronda. Que cela soit béni !"

Après s'être incliné devant lui, le Père Philarète est parti. Il trouva une vieille paire de chaussures quelque part, et, les portant dans ses bras, retourna à son hésychastère Il les mit avant d'entrer. C'était extrêmement douloureux. Après tant d'années de marche pieds nus, ses pieds, habitués à la liberté, ne pouvaient tout simplement pas supporter d'être à leur place dans une paire de chaussures. Mais l'obéissance et l'humilité, comme vous le savez, font des miracles ! La présence de la vertu devient évidente quand votre frère vous contrôle et que vous vous soumettez humblement. Un tel comportement est une flamme ardente pour le Diable !

"Tout va bien maintenant ! Maintenant, tu es un moine très humble," dit Geronda.

"Que cela soit béni, Geronda, que cela soit béni ! répondit le Père Philarète.

Après s'être prosterné, il poursuivit son chemin, trébuchant et marchant doucement, comme un petit enfant...

A côté de l'hesychastère poussait un grand nombre d'herbes sauvages. Le Père Philarète choisissait celles qui étaient comestibles et nous les apportait en nous disant : "Mangez, Pères. C'est de la part de Dieu. Ces herbes devraient être mangées par ceux qui travaillent pour le Seigneur plutôt que par un fainéant comme moi !"

"Je ne peux pas jurer !"

Un jour, un homme portant un rasson vint à lui et se dit diacre. Voyant les vieux livres du staretz, il se mit à les regarder et, avant de partir, il les prit en secret. Il ne savait pas qu'à Daphni, avant de quitter la Sainte Montagne, il y avait une inspection douanière qui vérifiait tout ce avec quoi vous partiez. Il fut arrêté là-bas !

"D'où tiens-tu ces livres ?" lui ont-ils demandé.

"Je les ai eus du... Père Philarète de Karoulia, il me les a vendus ! mentit le diacre pour se justifier, et il continua à le calomnier : "Il vend illégalement des livres anciens !"

La police arriva à l'hésychastère et mena une enquête. Après avoir cru le diacre mécréant, ils portèrent plainte contre le Père Philarète, un saint ascète. Bientôt une assignation à comparaître arriva. La plupart des pères ne savaient pas ce que c'était; de telles procédures matérielles leur sont inconnues. Nous lui expliquâmes ce que cela signifiait pour lui, et il dit : "Mais comment y aller ? S'il vous plaît, emmenez-moi là-bas."

Nous avons fait tout ce qui était nécessaire. Nous avons trouvé des vêtements un peu plus récents, parce que son rasson était trop vieux et usé. Nous avons aussi demandé à un avocat que nous connaissions d'aller au tribunal avec le Père Philarète pour l'aider, et nous avons recueilli de l'argent pour que le Père puisse se rendre à Thessalonique et y être jugé - celui que même le Seigneur, à notre humble avis, ne condamne pas "en ce jour" (Matthieu 7, 22). C'était un homme céleste, une fleur parfumée du désert !

Le Père Philarète dit : "J'obéirai au gouvernement et j'irai pour qu'ils me jugent." Puis il partit pour Thessalonique. Il n'avait pas quitté la Montagne Sainte depuis 58 ans ! Pendant 58 ans, il vécut à Karoulia, vivant des herbes sauvages et de l'eau que Dieu lui avait données. Un homme béni, qui avait atteint un haut degré de vertu, était maintenant en cour de justice en tant qu'accusé. Je ne sais pas comment ça marche là-bas. Je n'ai jamais franchi le seuil de cette institution. Je ne me souviens que de ce que le staretz lui-même nous a dit. Il fut convoqué par le président du tribunal :

"Moine Philarète ?"

"Oui, c'est moi, l'indigne, répondit humblement Philarète en inclinant la tête.

"Pourquoi as-tu vendu ces livres ?"

"Je ne les ai pas vendus ! Un certain frère est venu me voir et les a pris pour les lire. Il les aurait rendus plus tard. C'est ce que je pensais..."

"Père, tu dois donner un témoignage sous serment pour qu'on te croie. C'est l'ordre de la procédure judiciaire."

"Je ne peux pas ! Dans l'Evangile, il est dit : Ne jure pas du tout (Matthieu 5:34)."

"Mais tu dois jurer, mon père."

"Comment cela se fait-il ?"

"Tu dois mettre la main sur l'Évangile."

Alors, le Père Philarète fit trois prosternations complètes et embrassa l'Evangile avec respect...

"C'est assez ?"

"Non, Père, tu dois mettre ta main sur l'Évangile et dire : "Je le jure, etc.".

"Je ne peux pas jurer !"

"Mais si tu ne jures pas, tu iras en prison pour neuf mois !"

"Et mille fois, j'accepte d'aller en prison ! J'attends le jugement éternel du Seigneur pour mes péchés ! Dois-je m'inquiéter pour neuf mois de prison ?"

Le pseudo-diacre était également présent au tribunal. Vêtu d'un rasson coûteux, il se tenait d'une manière importante et hautaine. L'avocat qu'il avait engagé raconta un tas de mensonges. En particulier, il dit : "Est-il possible, M. le Juge, que ce merveilleux ecclésiastique vole des livres à un tel gueux ?"

Finalement, la calomnie et la dissimulation de la vérité inclinèrent le juge du côté du voleur brillant, et le moine-ascète, se présentant devant eux dans une vieille soutane, non habile dans l'art du mensonge, qui n'avait jamais prêté serment auparavant, fut déclaré coupable. Le verdict fut prononcé et la police emmena le Père Philarète en prison.

Les juges se souciaient pas de ce qui arriverait au moine, mais les gens ordinaires oui. Ils recueillirent la somme nécessaire pour payer la caution et faire libérer le staretz de prison. Le Père Philarète, avec sa simplicité habituelle, après avoir remercié tout le monde, retourna à Karoulia, le lieu de ses nombreuses années de solitude. Il nous remercia, nous aussi qui lui avions donné toute l'aide que nous pouvions lui donner. "Merci, Pères", nous dit-il. "Priez pour que le Seigneur me délivre aussi de la prison éternelle !"

D'ailleurs, il était aussi très satisfait de notre avocat, qui l'avait défendu à la cour. Ce saint ermite pensait toujours gentiment à tout le monde. Il nous le dit avec enthousiasme :

"L'Esprit de Dieu demeure dans cet avocat ! Il a tout décrit exactement comme c'est arrivé !"

"Geronda,"  lui ai-je dit, "c'est simplement son travail !"

"Non, insista le staretz, il a l'Esprit de Dieu !"

Je lui ai demandé :

"Geronda, tu as vécu loin du monde pendant 58 ans. C'était comment d'être là -bas alors ?"

Une bonne personne, comme nous l'avons déjà dit, ne voit que du bien en tout. Il répondit : "Que puis-je dire, Pères ? Tous les gens dans le monde sont très bons. Tous, sauf moi, pécheur paresseux, assis dans ces falaises rocheuses et ne faisant aucun travail, n'accomplissant pas la volonté de Dieu !"

Cela dit, il se retira dans sa cellule, glorifiant Dieu de lui avoir envoyé une telle épreuve vers la fin de sa vie pour le salut de son âme.

Une bienheureuse dormition

Un jour, quand il était très vieux, il nous invita à sa cellule avec le Père Acace et nous dit avec joie :

"Soyez en bonne santé, mes enfants. C'est bien que vous soyez venus, parce que je ne vous reverrai plus ! Je pars ce soir... Mais avant que cela n'arrive, j'aimerais que vous me consoliez."

"Comment, Geronda ?"

"Lisez le Psautier pour moi, quelque chose de calmant pour l'âme."

Nous lûmes un certain nombre de psaumes différents, et des larmes de joie coulaient sur les joues de Geronda, et pendant tout ce temps, il faisait sans cesse le signe de croix. Quand on eut fini, il dit :

Et je voudrais vous demander une dernière chose : chantez pour moi l'hymne de la Théotokos : " Il est digne en vérité ". Mais faisons-le en nous levant, comme nous le faisons quand nous chantons l'hymne national de notre patrie !"

Il s'est relevé difficilement. Il était très épuisé et sa peau était devenue presque transparente. Après que nous ayons terminé, le staretz, des larmes de joie dans les yeux, nous étreignant et nous embrassant, dit : "Mes enfants, je vous vois ici pour la dernière fois ! Pardonnez-moi, pardonnez-moi !"

Tout le monde pleurait. Le Père Philarète nous calmait. Nous sommes partis profondément émus. Dans la matinée, nous avons appris qu'il était décédé ! Comme il l'avait prédit...

Nous l'avons enterré au milieu des rochers d'une manière convenable et digne. Pour reprendre les paroles d'un profane, je dirai ceci : une étoile d'ascétisme monastique est sortie sur le ciel du Mont Athos, mais a laissé derrière elle une trace lumineuse, nous montrant comment lutter et rester cohérents dans notre labeur ascétique. Que sa mémoire soit éternelle ! Prie pour moi, Père !

Il arrive souvent que vers la fin de notre vie, le Dieu Tout-Saint nous envoie une sorte d'épreuve qui nous rend meilleurs, et ceux qui nous entourent en bénéficient aussi. Il en fut de même pour le Père Philarète, qui œuvra avec humilité et fut récompensé par Dieu. 

Vous avez entendu, M. Melinos, comment le Diable a tenté de perturber un homme de vertu et de labeur ascétique ; mais le Dieu Très Saint l'a protégé par Sa Grâce, et l'âme de l'ascète n'a souffert aucun mal, mais a été fortifiée dans son amour pour le Seigneur. Cet amour s'enflamma de plus en plus et, avec un zèle croissant, le staretz loua Dieu.

Version française Claude Lopez-Ginisty




Saint Staretz Daniel de Katounakia

Sur Parlons d'Orthodoxie: OLTR Une décision salutaire

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La grave crise que traverse l’Archevêché des Eglises orthodoxes russes en Europe occidentale n’est peut-être qu’une réplique d’une crise majeure qui affecte l’Eglise orthodoxe dans son ensemble.

En novembre 2018, par une décision soudaine et brutale, sans aucune consultation avec l’Archevêque, le patriarcat de Constantinople révoque le tomos de 1999 qui conférait à l’Archevêché le statut d’exarchat. Il intime aux paroisses l’ordre de rejoindre, chacune où elles se situent, les différentes métropoles de leur pays. En même temps qu’exiger sa dilution, il prive, alors, l’Archevêché de tout rattachement au plérôme de l’Eglise orthodoxe.

L’archevêque, Monseigneur Jean (Renneteau), a la charge des paroisses de l’Archevêché. On ne rappellera jamais assez cette règle canonique de l’Eglise orthodoxe : il incombe à l’évêque et à lui seul, la responsabilité des décisions pour toutes les questions aussi bien administratives que fondamentalement théologiques. Mais il appartient, aussi, à l’évêque de s’assurer que ses décisions seront reçues.


C’est un point fondamental et il est à craindre qu’il ait été, souvent, mal compris et mal interprété. Pourquoi oublie-t-on que c’est l’évêque qui reçoit l’onction épiscopale ? Pourquoi oublie-t-on que c’est l’évêque qui détient la plénitude du pouvoir ? Pourquoi oublie-t-on que le prêtre ne reçoit que de l’évêque le pouvoir de consacrer l’Eucharistie ? Pourquoi oublie-t-on que le clerc ou le laïc peut être invité à donner son avis mais que c’est bien l’évêque qui décide ? Ceci est l’esprit du Concile de Moscou de 1917 qui redonne le pouvoir de l’Eglise à ses primats. Il ne s’agit pas, bien au contraire, d’asservir le pouvoir pastoral de l’évêque aux décisions d’un pouvoir civil.

Nous ne détaillerons pas, ici, toutes les péripéties qui s’ensuivent. Ayant pris, après un large consensus, la décision de garder l’unité de l’Archevêché, Mgr Jean n’a que la préoccupation de rester en communion avec l’Eglise orthodoxe. Pour cela, après de nombreuses consultations dont il ne garde aucun secret, il accepte la seule proposition fiable et pérenne qui se présente et qui est émise par l’Eglise russe. C’est cette décision absolument essentielle que Mgr Jean prend pour le salut de l’Archevêché. Ses ouailles et ses clercs ne devraient que lui manifester une immense gratitude de les avoir si bien guidés.

La proposition de l’Eglise russe contient des avancées majeures pour la vie de l’Archevêché. Il est conféré, à ce dernier, un véritable statut diocésain. C’est-à-dire que son primat, l’Archevêque n’est plus l’exarque d’un membre du synode, le patriarche de Constantinople dans l’ancienne organisation, mais devient, lui-même, membre du synode de l’Eglise russe, dans la nouvelle organisation. De plus, le synode de l’Eglise russe promet de renforcer l’Archevêché en procédant rapidement à l’élection de nouveaux évêques auxiliaires ; ce qui permet de rétablir, enfin, une instance importante dans le fonctionnement de l’Archevêché, à savoir le comité épiscopal.

Dès notre éditorial de février 2019 , avant que la crise ne prenne les proportions irrationnelles que nous observons, nous avons largement prôné cette orientation et nous avons exprimé combien elle est naturelle et liée à l’histoire de l’Archevêché et combien elle offre de perspectives.

A tous ces titres, l’OLTR se réjouit de cette décision de Monseigneur Jean et lui exprime sa gratitude et son soutien qu’il lui paraît indispensable de manifester.

Malheureusement, oubliant le caractère fondamentalement pastoral, ecclésial de la décision prise, et, certainement, en grande partie, du fait de cette nouvelle relation établie avec l’Eglise orthodoxe russe, des passions incontrôlées se sont déchainées contre cette décision. C’est la tentation de « la voie de la mort ».

Suite ICI

Un évêque catholique romain distribue l'artoclèse à la fin de l'office orthodoxe de saint Dimitri

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La marche vers l'Unia délétère est en marche au "patriarcat orthodoxe [?]" de Constantinople et dans ses succursales européennes, comme ici à la fin de l'office des Vêpres de saint Dimitri à Aix-la-Chapelle (Aachen) le 26 octobre 2019!

Père André Agathokleous: Les vies de saints et nous

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La vie des saints est " l'Evangile en action ", selon le saint serbe moderne Justin Popovitch. A travers eux, nous voyons leurs luttes et leurs efforts, leur désir et leur amour, leurs bénédictions et leur grâce. Nous réalisons que la Parole de Dieu est accessible, bien que son application semble difficile. Cependant, si une personne a réussi à faire quelque chose de difficile, cela signifie que d'autres peuvent le faire aussi.

Il n'en reste pas moins que lorsque nous lisons l'ascèse qu'ils ont faite, nous sommes tentés de nous demander si tout cela est vrai. Parce que, pour nous aujourd'hui, avec les conforts et les attitudes de détente qui nous caractérisent, nous pensons qu'une telle ascèse est excessive, voire impossible. Comment y sont-ils parvenus ?

Je pense que si nous voulons comprendre la vie des saints, anciens et modernes, nous devons accepter leur amour pour Dieu, leur zèle et leur désir sincère de la personne du Christ. C'est ce qui les a amenés à faire des efforts plus grands que l'ordinaire, comme expression de leur amour. En même temps, à cause de cet amour, la Grâce divine leur a donné la force d'atteindre l'irréalisable.

En tant qu'individu, chaque personne a son propre nom et sa propre identité. L'imitation d'une autre personne, en ce qui concerne son mode de vie, entraînera l'échec, à moins que les conditions nécessaires ne soient déjà en place.

En tant que membres de l'Église, nous nous réjouissons que nos frères et sœurs aient accompli ce qu'ils ont fait, qu'ils " brillent comme des étoiles lumineuses au firmament spirituel ". Et ainsi leur grâce se répand "dans le monde entier", elle embrasse tout le monde, elle guérit la douleur "partout sur terre". C'est pourquoi nous les honorons et les louons.

Naturellement, pour recevoir leur grâce, nous devons être réceptifs. Les rayons du soleil ne passent pas à travers un mur épais. C'est notre propre désir de vivre l'Évangile qui activera nos multiples pouvoirs cachés pour que nous puissions faire notre propre ascèse, qui amèneront la grâce de Dieu et rendrons possible l'impossible, pour nous et à travers nous.

Il est important de trouver ce qui nous convient. Ce que nous pouvons et ce que nous voulons faire. Le plus honnête, c'est que nous nous disions ce que nous ne voulons pas, plutôt que de trouver des excuses à notre incapacité. Dieu ne nous demandera rien d'impossible. Si c'était le cas, il n'y aurait pas de joie.

La lutte spirituelle des saints, en tant qu'expression d'amour pour Dieu, était la base de leur joie. Ainsi, toute ascèse dans laquelle nous nous engageons (prière, jeûne, prosternations, études, observance des Commandements du Christ), peut apporter une grande joie, une audace puissante et une familiarité avec Dieu, tant que nous le faisons avec humilité. Alors nous comprenons la vie des saints, nous voyons par nous-mêmes qu'ils étaient réels, et, avec eux, nous nous réjouissons dans le Royaume commun de notre commun Seigneur.

Version française Claude Lopez-Ginisty
D'après

Halloween en Russie

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Selon un sondage du Levada Center, Halloween gagnerait en popularité en Russie . Cette année, 10% des personnes interrogées ont déclaré être au courant de cette fête et vont la célébrer. C'est 2% de plus qu'en 2014 et 4% de plus qu'il y a deux ans. 70% des Russes ont dit qu'ils étaient au courant de cette fête, mais n'allaient pas la célébrer, et 2% des Russes n'ont pas entendu parler d'Halloween. L'église orthodoxe russe a appelé à aller à l'église au lieu de célébrer Halloween



Staretz Sophrony de Maldon (GB): Unité de l'Eglise à l'Image de la Sainte Trinité

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Nous reprenons - en entier cette fois- sur le site du Patriarcat de Moscou ce texte de Père Sophrony si pertinent au moment des prétentions hégémoniques du "patriarcat" de Constantinople.

***

Staretz Sophrony de bienheureuse mémoire


*

Dix neuf siècles se sont écoulés depuis que Saint Paul, en parcourant la ville d’Athènes et en considérant les objets de culte, trouva un autel portant cette inscription: « au Dieu inconnu « Agnosto Theo » (Actes XVII, è3).

Il est évident, que cet autel fut érigé par les meilleurs représentant de la pensée humaine, par les sages qui avaient atteint les limites de la connaissance, ces limites de qui restent insurpassables jusqu’à nos jours pour l’entendement naturel de l’homme, — car Dieu est inconnaissable pour la pensée logique. La vraie connaissance du Dieu véritable vient de la Révélation.

Dans l’économie divine de notre salut l’Eglise marque certains événements, comme étant essentiels en les commémorant par des Fêtes. Elles se succèdent historiquement: l’Annonciation, la nativité, l’Epiphanie (cette fête est appelée le Baptême du Christ dans le rite byzantin), la Transfiguration, la Passion, la Résurrection, l’Ascension et la Descente du Saint Esprit. Dans les desseins révélateurs de Dieu, chacun de ces événements est lié aux autres d’une façon organique et indissoluble, mais le jour de la Pentecôte, ce jour, où la descente du Saint Esprit est célébrée, a une place particulière, car il marque l’accomplissement de la Révélation du Grand Dieu Tout-Puissant et Créateur de toutes choses.



Diacre Serge Guerouk LE BIENHEUREUX IVAN PETROVICH JOUKOVSKY, FOL-EN-CHRIST D'ODESSA

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Ivan Petrovitch Joukovski 

***

"Comment vous n'avez pas entendu parler du bienheureux Ivan Petrovitch, le fol-en-Christ ?! 

"J'ai entendu quelque chose... Je n'ai commencé que récemment à aller à l'église..." 

"Quelle différence cela fait-il?! Tout Odessa le connaît !" 

J'ai entendu une telle conversation entre deux paroissiens concernant le bienheureux Ivan Petrovitch Joukovski, un fol-en-Christ - qui a œuvré ici jusqu'à l'époque de Khrouchtchev - à la procure [podvoriyé] du monastère de l'archange Michel, situé sur l'ancienne rue de la Dormition, non loin du parc marin Langeron, à Odessa. 

Mon épouse et moi y sommes allés en pèlerinage et avons appris beaucoup de choses intéressantes. 

Dans le monastère 

Le monastère fut fondé il y a plus de 160 ans par le couple royal Vorontsov, le héros de la guerre de 1812, Mikhaïl Semenovitch, gouverneur général d'Odessa, et Elizabeth Ksaverevna, avec la participation de la dame de compagnie favorite de l'impératrice Elizabeth Alekseevna, le princesse Roxanne Edling et d’autres mécènes. Au XXe siècle, le monastère fut fermé plusieurs fois, dans les années 1920 et en 1960 - les années du "dégel" de Khrouchtchev...

Le monastère de l'archange Michel aujourd'hui, vue d'en haut 

Le monastère fut littéralement reconstruit en 1991 à partir des ruines et des vestiges des bâtiments de l'ancien monastère, sur le site de la clinique pour tuberculeux qui fonctionnait encore à l'époque, par les travaux de l'infatigable higoumène Séraphima (Tchevtchik) et les sœurs. Matouchka réussit non seulement à restaurer les traditions de charité du monastère et à construire un hospice pour personnes âgées, mais aussi à créer une branche du département des femmes du Séminaire théologique d'Odessa. Bien qu'une petite partie seulement du vaste territoire du monastère, qui occupait autrefois tout un pâté de maisons, ait été rendue, il abritait des églises, un hôpital de pèlerins, des bâtiments monastiques, une maison d’accueil, un musée de l’Odessa chrétien, une maison pour personnes âgées et le département féminin du séminaire d'Odessa. Au séminaire, les filles apprenaient l'iconographie, la broderie au fil d'or, la direction de chœur, et à être Sœurs de la Miséricorde et femmes au foyer. 

Le bienheureux Ivan Petrovitch Joukovski, ascète [podvizhnik] clairvoyant et thaumaturge qui cachait ses dons spirituels sous le couvert de la folie et qui vécut dans les écuries après la guerre, ayant l'obédience dans le petit réfectoire pour les pèlerins et les paroissiens jusqu'à son repos en Christ le 28 mars 1960, a prévu et parlé de tout cela. 

Au vieux cimetière chrétien 

L'église Saint-Dimitri du deuxième cimetière d'Odessa 

"Il faut absolument que vous alliez sur sa tombe, au deuxième cimetière d'Odessa", a dit dans le doux dialecte d'Odessa en se tournant vers nous, un paroissien âgé et bavard, après avoir entendu dire que nous étions arrivés de Kiev. "Vous y verrez beaucoup de choses intéressantes, de sorte que vous voudrez y aller encore plus souvent... Vous ne le regretterez pas..." 

Nous sommes allés au monastère, qui se trouve à 15 minutes en tram du célèbre marché d'Odessa. La ruelle centrale du cimetière nous a conduit à une ancienne église dédiée à saint Dimitri de Rostov, la seule de la ville, qui ait été fermée plusieurs fois au XXe siècle. En cours de route, nous avons croisé les vieilles tombes et ruelles des défenseurs et libérateurs d'Odessa pendant la Seconde Guerre mondiale - soldats, officiers, généraux et amiraux- ainsi que la "ruelle des veuves", où se trouvent les "tombes" des marins qui sont morts en mer. 

À droite de l'église se trouve la tombe de l'éminent ophtalmologiste Vladimir Petrovitch Philatov, chrétien orthodoxe, ami spirituel du patriarche Alexis Ier (Simanski) et co-combattant avec saint Luc (Voino-Yasenetsky) le chirurgien, avec qui il entretenait une correspondance spirituelle depuis de nombreuses années. Un peu plus loin, le long de l'allée sud, se trouve le "quartier des prêtres", où reposent les restes du clergé de la ville, des moines, des chefs de chœur, des recteurs et des professeurs du séminaire d'Odessa. 

La tombe du bienheureux [1] staretz Ivan Petrovitch Joukovski avec une croix de pierre est située près de l'allée sud. Sa pierre tombale dit : "Il a vécu, car Tu l'as créé. Il est mort, car Tu l'as appelé." 

Sur la tombe du staretz 

Comme nous l'a expliqué la servante de Dieu Natalia Ivanovna, qui nourrit les pigeons sur les tombes, c'est l'endroit le plus visité, avec des gens qui viennent tous les jours, y compris des pèlerins de toute l'Ukraine, de l'étranger, et même des États-Unis, où les gens d’Odessa qui ont émigré d'URSS ont emporté la mémoire du saint staretz qui fait des miracles. Maintenant, ils viennent d'Amérique pour demander les prières du bienheureux Ivan. 

"J'étais très malade," dit la femme, "incurablement, pourrait-on dire. J'ai commencé à aller sur la tombe d'Ivan. Ils y servent régulièrement des molebens [2], et il y a des processions. J'ai demandé de l'aide au bienheureux. Par la Grâce de Dieu, je suis vivante ; Dieu a prolongé ma vie pour la repentance et la prière. Je viens souvent ici. C'est un grand saint, bien qu'il ne soit pas encore glorifié... Il y a encore des gens qui le connaissent. Le monastère Saint-Michel a une Mère Arsénie, moniale mégaloschème, qui pourrait vous dire beaucoup de choses intéressantes sur Ivan Petrovitch..." 

"Il pleurait pour les gens, et ses larmes se transformaient en glace en hiver..." 

Avec la bénédiction de l'higoumène Séraphima, nous avons trouvé la moniale mégaloschème Arsénie de 88 ans, dans le monastère, qui s'est révélée être un conteur intéressant. Et l'essentiel, c'est qu'elle est un témoin vivant de l'histoire de l'Église du XXe siècle. Avant de parler du bienheureux staretz, Matouchka nous a parlé d'elle-même, de son chemin vers le monastère. 


Moniale mégaloschème Arsénie (Chouvalova) 


Moniale mégaloschème Arsénie

Mes parents étaient des gens simples, des travailleurs du gouvernorat d'Oryol. Toute la famille vivait dans une ferme. Quand la loi sur la collectivisation est passée, on a dit que personne ne vivrait séparément, alors nous avons déménagé dans la province de Kalouga, dans la ville de Maloyaroslavets. 

Deux de mes sœurs y vivent toujours. Il y avait huit enfants dans notre famille. Maman était analphabète et disait : "Je veux que tous mes enfants étudient." Les temps étaient durs quand mon père est revenu de la guerre après avoir été blessé. Les Allemands ont fait sauter notre maison pendant qu'ils battaient en retraite, et nous vivions littéralement dans la rue. Mais les soldats soviétiques nous ont réchauffés, nous ont donné un logement temporaire et nous ont nourris. Le monastère de Tchernoostrovsky-Saint-Nicolas où toute la famille allait, était près de nous. Il était évident que les graines du futur monachisme y furent semées. Le monastère Chernoostrovsky existe toujours. Deux de mes sœurs vivent au monastère, c'est l'œuvre du Seigneur. L'une d'elles travaillait à la boulangerie et on lui a donné une chambre. L'higoumène lui a dit : "Vis ici jusqu'à ta mort." 

Toute ma famille aimait l'Église. Il y avait une petite église sur la colline de mon enfance. Parfois, ma mère attachait des foulards rouges sur sa tête et disait : "Ce sont mes foulards de jeune fille ; tu les portes maintenant", et quatre ou cinq d'entre nous couraient à l'église, vers Batiouchka. 

Batiouchka nous tapotait à tous sur la tête, nous plaignait et disait, pour que maman et papa puissent entendre, que nous étions bien élevés à l'école. Batiouchka nous rendait souvent visite à la maison. Les moines qui vivaient à Moscou séjournaient aussi beaucoup chez nous. A cette époque, ils considéraient tous les croyants, en particulier les moines, comme des ennemis du peuple et les envoyaient au 101ème kilomètre, où se trouvait notre Maloyaroslavets. 

Ainsi, il était facile de rencontrer les habitants des différents monastères de notre ville. En règle générale, ils se serraient les coudes et essayaient de vivre en communauté. Nous avions aussi toujours beaucoup de membres de l'intelligentsia : des enseignants et des professeurs qui avaient été envoyés dans notre ville. Nous les aimions vraiment, et ils nous aimaient et nous aidaient dans nos études. 

Selon une légende, lorsque les troupes allemandes étaient à 45 ou 60 kilomètres de Moscou, Staline ne savait pas quoi faire et il se tourna vers une voyante infirme, la voyante Matronouchka [4], qui est maintenant l'une des saintes les plus célèbres et les plus vénérées (je la prie toujours de me guérir les yeux). Ils disent qu'ils l'ont emmenée à Staline lui-même, et qu'il lui a demandé quoi faire - quitter Moscou ou rester. Elle a mis sa main sur son épaule et lui a dit : "Ne pars pas, le coq rouge gagnera, mais tu dois ouvrir toutes les églises." C'est ce que disent les gens, mais ce qu'il en est vraiment, Dieu seul le sait... 

Mais ensuite, nous avons vu comment notre église de Maloyaroslavets, qui servait d'entrepôt à grains, a soudainement ouvert ses portes. En un jour, Staline en donna l'ordre, et la vie de l'Eglise commença à renaître. Ils nous envoyèrent un batiouchka [prêtre] qui avait passé de nombreuses années en exil, le Père Basile Machkov, et il officia avec nous pendant de nombreuses années. Quelle grande joie, quel triomphe ! Tout le monde, adultes et enfants, allait à l'église et aidait Batiouchka comme il le pouvait. Quand Batiouchka lisait les listes commémoratives [des dyptiques pour les vivants et les défunts], il les couvrait de larmes, parce qu'il y avait beaucoup de noms qu'il connaissait en exil et qui étaient emprisonnés ou dans des camps. Il parlait beaucoup de cette période de sa vie. Sa matouchka mourut prématurément et il éleva lui-même sa fille, dont il avait grande pitié. Mes parents vénéraient beaucoup le Père Basile, et il venait souvent chez nous, et nous le connaissions bien. Ils l'ont enterré à Maloyaroslavets. 

Tous mes frères et sœurs ont terminé leur dixième année et sont allés étudier à Kalouga. Ma famille avait sept filles et deux garçons. L'un est devenu professeur, un autre médecin, mon frère Serge est devenu pilote, et Pierre a reçu la tonsure et il est devenu le moine Pimène ; il a passé de nombreuses années dans le monastère de la Sainte Dormition à Odessa.... 

Quand je travaillais à Moscou, j'ai découvert qu'il y avait un couvent à Odessa (il n'était pas très facile de trouver l'adresse des monastères actifs à l'époque). Alors, à vingt-deux ans, je suis allée à Odessa et je suis allée chez Mère Anatolie pour demander d'entrer au monastère. Elle m'a dit : "Non, ma fille, retourne à Moscou. Tu n'as pas de permis de séjour, et je ne peux pas te prendre sans cela. Retourne travailler encore un peu." J'étais en larmes. J'ai éclaté en sanglots, me plaignant que je ne voulais pas aller à Moscou et que je ne voulais plus travailler dans le monde. 

Ivan Petrovitch, grand serviteur de Dieu, saint vénéré par tous aujourd'hui, alors fol-en-Christ, vivait dans le monastère. Apparemment , il m'a  vue pleurer et a envoyé une moniale pour me calmer. Cette moniale s'approcha de moi et me dit : "Ivan Petrovitch a dit que tu devais te calmer, car bien que l'higoumène ne t'ait pas reçue maintenant, la Mère de Dieu t'a déjà reçue." 

Exactement un an plus tard, ils m'envoyèrent une lettre disant que je devrais aller au monastère avec mes affaires. Quelle joie ce fut ! Je fus accompagnée par toute ma famille très chaleureusement et en larmes... Puis une deuxième sœur est arrivée au monastère, qui travaillait dans une école, puis une troisième. Puis, après l'armée, Pierre est entré dans un monastère. 

Ivan était petit de stature, avait une petite barbe et il était d'allure très noble. C'était un pilier ardent de prière, une source de joie pour Dieu. Les sœurs et moi étions si heureuses de le rencontrer, de lui parler et parfois de pleurer. Et il écoutait et disait : "Les yeux plus gros que le ventre!", et il continuait son chemin.. Ou il disait : "Tu sais, mon enfant, quand la pâte est pétrie et battue pendant longtemps, elle fait du bon pain." Et parfois, il disait simplement : " Avec l’aide de Dieu ! Va, mon enfant…" 

On a vécu comme ça pendant huit ans. Il nous a tous nourris. Et la nourriture était bonne. Parfois, il frappait à notre porte. "Qui est là ?"« Ivan! Tu veux du gruau ?" 

Ils nous ont bien nourris. Le monastère avait son propre moulin - notre gagne-pain ; nous y travaillions jour et nuit. Nous broyions parfois vingt tonnes de céréales en une nuit... Quel pain nous faisions cuire ! Notre moulin était renommé, et beaucoup y venaient à cause de cela. Il y avait des jardins. Tout le monde travaillait. 

Un jour, Ivan a frappé à ma fenêtre et m'a demandé l'heure. Je lui ai dit qu'il était deux heures et demie. Le fait est que c'était une nuit d'hiver, et que tout était couvert de neige. J'ai vu des petits glaçons sur ses joues sous ses yeux - il semble qu'il avait pleuré et que ses larmes avaient gelé. Il marchait pieds nus dans la neige molle, et je l'ai vu partir comme un lapin... J'ai toujours cette image devant les yeux. Ivan Petrovich était comme ça. 

Sa cellule était sur le côté du portail. Nous avions beaucoup de jeunes à l'époque, une quarantaine de personnes. Nous nous promenions dans le monastère en chantant des psaumes. Nous ne voulions pas dormir, même si les services étaient longs. Quelqu'un disait : "Allons voir par la fenêtre d'Ivan, pour regarder ce qu'il fait." Nous le voyions s'agenouiller, prier Dieu… 

Auparavant, l'acathiste à l'Archange Michel avait été lu dans la soirée. Après l'office, Ivan mettait la table et nourrissait tous les pèlerins et les pauvres. 

Un jour, une femme s'est plainte à Ivan que son mari voyait une autre femme. Ivan a dit : "Amène ton mari ici." Elle l'a amené. Ivan se tourna vers lui et dit : "Époux, viens ici." Et cela s'est avéré suffisant : il ne la trompa plus. 

Les prêtres venaient souvent l'attendre tard le soir pour lui donner sa bénédiction. 

Et les miracles ! Un séminariste qui venait d'être ordonné prêtre venait. Il marchait et pensait : "Si Ivan Petrovich s'approche de moi et prend ma bénédiction, alors je suis un vrai prêtre." Il l'avait seulement pensé qu'Ivan Petrovitch cessa de travailler et s'approcha de lui pour demander une bénédiction. 

Il y eut une autre époque où l'un des paroissiens commença à se plaindre qu'il était à l'étroit et qu'il devait faire une demande d'agrandissement de l'espace habitable. Ivan s'approcha de lui et commença à ranger quelques petites planches en forme de longue boîte, en disant : "Agrandissement, agrandissement..." Cet homme mourut quelques jours plus tard. 

Quand ils firent les funérailles d'Ivan Petrovitch, tout Odessa vint ; tous les transports s'arrêtèrent. Des policiers vinrent demander qui il était - qui il était, pour que toute la ville le connaisse. Mais à cette époque, il était impossible de dire qu'il était un serviteur de Dieu; la croyance en Dieu était alors persécutée, c'est pourquoi nous avons répondu que c'était un vieil homme très bon et qu'il aimait et aidait tout le monde. 

Mais la police était venue une fois au monastère pour voir ce grand-père et avait demandé à voir ses papiers d'identité. Il a pris un paquet de listes commémoratives [dyptiques] [4] sur la table près du magasin d'icônes, les a jetées en l'air et a dit : "Voici mes papiers, voici mes papiers !" 

J'ai vécu cinquante ans avec celle qui s’occupait de sa cellule, Mère Léonida. Elle fut enterrée non loin d'Ivan. Elle tenait le Psautier dans sa main juste pour tourner les pages, parce qu'elle avait mémorisé les cathismes [5] ; et quand les gens lui demandaient, étonnés, comment c'était arrivé, elle répondait : « Le petit soleil," (comme elle appelait Ivan Petrovich) "m'a donné une telle intelligence que je pouvais prier de mémoire." 

Il nous a aidés et nous aide encore aujourd'hui - tel un grand serviteur de Dieu que nous avions avec nous. Né près d'Odessa, dans le village de Neroubaïskoe, il fut diplômé du séminaire et secrétaire diocésain. Puis il alla voir le Père Jonas Atamansky, maintenant glorifié parmi les saints, et passa une semaine avec lui. Batiouchka Jonas vit de ses yeux spirituels qu'il ne recevrait pas d’ordination, mais qu’il serait fol-en-Christ. Il y a beaucoup de saints, mais vous pouvez compter les fols-en-Christ sur vos doigts. Il alla le voir tout bien habillé, avec un nœud papillon blanc, mais le quitta avec un sac sur l'épaule, et se rendit à l'église dont son frère était prêtre. Il aimait vraiment son frère. Il passa de nombreuses années comme fol-en-Christ, vivant dans le cimetière, dormant sur des tombes, et puis il vint chez nous. 

Puis il mourut, et onl'enterra au deuxième cimetière d'Odessa, sur le terrain du monastère. Il est couché dans le sol maintenant, mais son âme est avec le Seigneur - et il aide et continuera à aider tout le monde. 

"Il fut une lumière de spiritualité dans les années les plus difficiles de l'existence de l'Église du Christ à Odessa" 

Higoumène Séraphima (Tchevtchik) 

L'histoire du bienheureux Ivan est poursuivie par Mère Séraphin : 

Ivan Petrovitch Joukovski était un homme étonnant qui vécut les années les plus difficiles de l'existence de l'Église du Christ à Odessa, soutenant les fidèles et les moniales de ce monastère. C’était un phare de spiritualité. Bien qu'il ne semblât pas grand-chose à première vue, il était très modeste et très travailleur, et c'était probablement le plus humble de tous les croyants d'Odessa à l'époque. Il vécut dans le deuxième cimetière d'Odessa pendant la guerre et se rendait à l'église de Saint-Dimitri de Rostov dans ce cimetière, la seule qui ait été conservée à l'époque. Puis il se déplaça vers notre skite à la huitième station du quartier de la Grande Fontaine d'Odessa. Lorsque les autorités soviétiques fermèrent la skite en 1945, il s'installa dans notre monastère de la rue de la Dormition. Les moniales l'aimaient vraiment et se souviennent de lui avec un respect particulier. Il y a de très nombreux témoignages de miracles qu'il a accomplis, et des témoignages de son extraordinaire clairvoyance et de sa prière pleine de grâce. 

Ivan Petrovitch Joukovski naquit dans une famille sacerdotale. Diplômé du Séminaire d'Odessa, il travailla comme secrétaire diocésain. Selon certains rapports, il aurait été ordonné prêtre, mais personne ne se souvient de lui comme d'un prêtre en service ; ils ne se souviennent de lui que sous la forme d'un fol-en-Christ. Hiver comme été, il portait toujours les mêmes vêtements, faits de toile grossière. Du col de sa chemise à col large et ouvert, on apercevait une croix sur un simple cordon. En hiver, il portait aussi parfois un manteau, vieux et rapiécé. Il se promenait pieds nus par tous les temps. 

Ivan vivait dans les écuries du monastère. Il avait l'obédience de nourrir les personnes âgées et les paroissiens dans le petit réfectoire. Il traitait tous ceux qui venaient avec amour, voyant les peines et les maladies de leur vie, et par ses paroles et ses actions mystérieuses et périphrastiques, il les aidait à endurer leur peine, à se réconforter et à se renforcer ; et il prédisait l'avenir. 

Ivan vivait dans une pauvreté extrême mais ne tolérait pas la saleté. Il avait toujours un balai et une pelle à poussière dans les mains. Il y avait des moments où il balayait le sol particulièrement soigneusement. "Regarde comme il balaie", disaient les sœurs. "Cela veut dire que Vladyka [l'évêque] arrive bientôt." Et c'est ce qui se passait. 

Le bienheureux staretz possédait le don de guérir, en celai se manifestait par son amour particulier pour les gens. 

Pannikhide et moleben sur la tombe du staretz

La prière du staretz était une communion totale avec Dieu. Certaines des sœurs réussirent de le voir pendant la prière en pleurant et en se concentrant. 

Nous prions toujours pour son repos car il n'est pas encore glorifié comme saint. Nous prions Dieu pour le repos de son âme ; nous nous rendons sur sa tombe le 20 janvier, au lendemain de la Théophanie, jour de la commémoration de la Synaxe de saint Jean-Baptiste, qui lui a donné son nom. Nous lisons sa vie, compilée par ses enfants spirituels ; nous écoutons avec joie de nos sœurs les plus âgées, les témoignages de sa vie bénie. Malheureusement, la majorité d'entre elles ont déjà reposé dans le Seigneur, mais il y a encore quelques témoins de ses exploits spirituels [podvigs] dans le monastère et dans le monde. 

Nous remercions le Seigneur qu’il ait été donné au monastère en ces temps difficiles de persécution, de guerre et durant les tumultueuses années d'après-guerre. Avant de reposer en Christ le 29 mars 1960, il prédit que le monastère serait bientôt fermé, ce qui se produira exactement un an plus tard, en 1961. 

Il nous aide toujours quand nous nous tournons vers lui pour aider notre monastère, qui lutte vraiment pour survivre dans les conditions actuelles. Et toujours, quand quelque chose de lourd, d'insoluble arrive, comme une ombre, sur notre monastère, je me tourne vers Ivan Petrovich, je le supplie d'intercéder, et il m'aide toujours - toujours ! 

"Il a vécu, car Tu l'as créé. Il est mort, car Tu l'as appelé, dit le staretz sur sa pierre tombale.  
Je vais vous parler d'un des miracles qu'Ivan Petrovitch a fait de son vivant. Une femme, paroissienne d'une autre église, vint au monastère. Elle nous raconta ce dont elle avait été témoin. Elle était venue enfant, avec sa mère, à notre monastère dans les années 1950. Elle vit un vieil homme à moitié nu et pieds nus marcher sur la neige et la glace. La jeune fille pensait que le vieil homme devait avoir très froid, et il marchait pieds nus dans la neige dans un tel gel! "Et quand j'ai pensé cela, dit la jeune fille, poursuivant son histoire, ce vieil homme s'approcha soudain de moi, me prit par la main, et se tint devant moi, pieds nus dans une congère de neige. Je me souviens de ses pieds, très rouges et enflés. Soudain, j'ai vu de la vapeur s'échapper de ses pieds dans la neige. Il s'est penché vers moi, m'a regardé tendrement dans les yeux et m'a dit : "Grand-père n'a pas froid !" C'est ainsi qu'il vit les pensées d'une jeune fille qui se souvint de lui toute sa vie, puis, adulte, pria pour lui et le pria... 

Le staretz nous a demandé de prier pour le repos de ses parents Pierre et Marie. Les gens viennent à lui sur sa tombe, comme vers quelqu’un de vivant, avec leurs peines et avec leur joie, avec des demandes et avec gratitude. 

Aujourd'hui encore, les pieux fidèles continuent l'œuvre bénie commencée par lui de son vivant, en nourrissant celui qui a faim. 

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

NOTES:

[1] Ce terme de bienheureux, n’est pas -comme dans l’église hétérodoxe- un grade dans le domaine de la sainteté, mais l’appellation que l’on donne aux Fols-en-Christ dans l’Eglise orthodoxe. 

[2] Offices d’intercession 

[3] Diminutif de Matrona. Sainte Matrona était aveugle! Elle est une des saintes contemporaine les plus vénérée de Russie.

[4] Liste des noms des vivants et des défunts commémorés à la Proscomédie, et dont des parcelles de prosphores sont mises dans le Calice de Communion

[5] Groupes de psaumes. Tout le Psautier du saint Roi David est divisé en 20 cathismes ainsi nommés car on les récite assis.


L'icône miraculeuse de la Portaïtissa à Jordanville pour le pèlerinage sur la tombe de Frère José Muñoz

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Le week-end dernier, notre paroisse a effectué son 22e pèlerinage annuel au monastère de la Sainte Trinité à Jordanville, NY, sur la tombe de Frère José Munoz-Cortes, gardien de l'Icône de la Mère de Dieu [Portaïtissa] qui, en 1997, a été martyrisée à Athènes, en Grèce. 

Le samedi 26 octobre, nous avons servi une pannikhide pour Frère José en présence de l'icône "hawaïenne" de la Mère de Dieu. Cette icône particulière est une reproduction de l'icône de Montréal [venant de Sofrino, boutique du Patriarcat de Moscou]. Elle a commencé à exsuder du myrrhon il y a 12 ans, le 6 octobre 2007, l'année de la réunification de l'Église russe.

Samedi dernier, l'icône hawaïenne a été placée sur un lutrin à côté de la tombe de Frère José. Alors que la première prière de la pannikhide était lue, j'ai remarqué une petite tache sombre qui apparaissait sur le tissu blanc qui recouvrait le lutrin, juste sous le côté gauche de l'icône. 

Au fur et à mesure que la pannikhide continuait, la zone humide commençait à prendre de l'ampleur. Peu de temps après, alors que le chœur chantait, je me suis approché du lutrin et j'ai touché l'endroit avec les trois doigts de ma main droite. 

Mes doigts furent couverts de saint myrrhon! Au fur et à mesure que la pannikhide continuait, le point humide continuait également à grandir ! Après le service commémoratif, l'icône fut retirée du lutrin et toute la face arrière du lutrin était recouverte de myrrhon ! Le myrrhon n'était pas seulement en train de couler, mais il jaillissait littéralement de l'Icône! 

Les cent personnes présentes furent témoins de ce miracle. Il était évident pour tous que la Mère de Dieu était heureuse d'être près de la tombe de son élu.

En Christ,

Père Victor
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
St. John the Baptist Cathedral

Sur Frère José (Russe avec s/t en anglais)



La prophécie de Henry Kissinger est-elle réalisée?

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Après des décennies, une curieuse ligne de faille géopolitique a été mise au jour entre les nations laïques/consuméristes et celles qui s'efforcent de conserver ou de tenter de retrouver leurs origines chrétiennes.

L'extrait suivant est tiré d'un discours prononcé en septembre 1974 par Henry Kissinger, ancien secrétaire d'État de Nixon. La thèse de ce discours concernait le caractère grincheux du peuple grec, et la façon dont ses dos devaient être brisés pour qu'un "nouvel ordre mondial" (pour ainsi dire) puisse avoir lieu.

Le fondement d'un Grec est sa culture et le fondement de sa culture est sa religion. Sommes-nous arrivés au point où l'Église de Grèce a accédé à ses souhaits ? L'Église de Grèce nous a-t-elle livrés entre les mains des mondialistes ? 

Monomakhos

"Le peuple grec est anarchique et difficile à dompter. C'est pourquoi nous devons nous enfoncer profondément dans leurs racines culturelles : Peut-être pourrons-nous alors les forcer à se conformer.

Je veux dire, bien sûr, de s'attaquer à leur langue, à leur religion, à leurs réserves culturelles et historiques, afin que nous puissions neutraliser leur capacité à se développer, à se distinguer ou à prévaloir, les éliminant ainsi comme un obstacle à nos plans stratégiques vitaux dans les Balkans, en Méditerranée et au Moyen-Orient.

Henry Kissinger, s'adressant à un groupe d'hommes d'affaires de Washington, D.C. en septembre 1974, (tel que rapporté dans Oikonomikos Tachydromos, 14 août 1997)

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après




Une Vocation spéciale

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Je me réjouis maintenant dans mes souffrances pour vous; et ce qui manque aux souffrances de Christ, je l'achève en ma chair, pour son corps, qui est l'Eglise.

Colossiens 1:24

Il y a environ une semaine, La Sheppard a posté comme commentaire un merveilleux message sur YouTube de Sa Sainteté le Patriarche Cyrille de Russie. (Il m'a également été envoyé par d'autres lecteurs de ce blog.) Inutile de dire qu'il était émouvant. C'est pourquoi nous avons décidé de l'afficher en tant que billet de blog autonome.

La raison en est venue à moi ce matin, lorsque j'ai reçu un Tweet d'un autre lecteur. Le nœud du problème est que le patriarche Bartholomée envisage maintenant de créer une autre église ukro-céphale [id est à l'image de l'autocéphalie ukrainienne! Ndt] en Lettonie. Comme nous l'avons commenté la semaine dernière dans l'article "Vers qui se tournera-t-il ensuite?...", nous le savons maintenant. Sans doute Mike Pompeo est impliqué là-dedans et il est possible que la tactique ukrainienne originale n'ait pas si bien fonctionné. La Grèce est toujours en armes face à l'Ukraine et l'axe Etats Unis/OTAN/Phanar pourrait penser qu'il vaut mieux concentrer sa puissance de feu sur un petit pays insignifiant comme la Lettonie. Je ne sais pas.

Quoi qu'il en soit, il ne semble pas que Bartholomée ait compris le message. Ses actions malhonnêtes conduiront invariablement beaucoup de gens dans le monde orthodoxe à faire un choix. 

En tant que chrétien orthodoxe, je préférerais que nous n'ayons pas à subir les effets d'un schisme. En tant que Grec Américain, c'est particulièrement exaspérant parce qu'il n'y a pas vraiment moyen de comprendre ce que fait le Patriarche œcuménique. Toutes choses étant égales par ailleurs, je préférerais rester dans un patriarcat de langue grecque ; c'est simplement plus confortable.

Mais l'Ukraine, c'était juste aller trop loin. Les actions de ce patriarche sont trop contraires à l'ecclésiologie normative orthodoxe. Ils contrastent fortement avec les canons - tous les canons. Pire encore, ils présagent d'un avenir uniate, ce qui est abominable de prime abord.

Cyrille a raison : La Russie a "une vocation particulière". Indépendamment de ce que nous, Américains ou Occidentaux, pensons de la mentalité slave, il a plu au Seigneur de choisir la Russie comme rempart de l'Orthodoxie. 

C'est donc le moment où tous les chrétiens orthodoxes devront choisir. Si seulement il n'en était pas ainsi. Quoi qu'il en soit, en tant que fier Grec Américain, qui a été baptisé et élevé dans l'archidiocèse orthodoxe grec, je choisis la Russie.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après


Peter Malkov: Revue de vidéos sur le portail éducatif de l'Académie de la foi [Академия веры]

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Peter Yourevitch Malkov
Membre de la commission inter-conciliaire de l’Église orthodoxe russe
Membre de la commission synodale biblique et théologique
Chef du département de théologie de l’Université Saint-Tikhon
Candidat (grade universitaire russe) en théologie, chargé de cours
***
L'examen des documents publiés sur le portail éducatif Академия веры/Akademiya Very, en français Académie de la Foi site russe: https://vera.academy/block/207, positionné comme une "première ressource sur l'étude multiforme de la doctrine chrétienne dans l'Internet russe", et prétendant offrir "un regard neuf sur la doctrine et les traditions de l'Église orthodoxe" m'a laissé une impression plutôt négative.

D'une part, on ne peut que se réjouir de la volonté du clergé russe bien éduqué, des professeurs de l'Académie théologique de Moscou et d'un certain nombre de professionnels travaillant dans le domaine de la culture orthodoxe russe, de faire une nouvelle et noble tentative pour transmettre les principes et les bases les plus importants de la foi chrétienne aux jeunes russes contemporains, même si cette tentative fut faite en utilisant les méthodes missionnaires et catéchisantes qui sont très inhabituelles dans la tradition orthodoxe et dans le contexte ecclésial. Nous pouvons rappeler ici l'un des grands principes missionnaires de l'Apôtre Paul qui "s'est rendu faible aux faibles, pour gagner les faibles." Je suis devenu tout pour tous, afin que par tous les moyens possibles je puisse en sauver quelques-uns" (1 Corinthiens 9: 22).

Il est toujours très important pour les auteurs de tels projets de pouvoir raconter aux gens des choses vraiment complexes de manière simple et intelligible, tout en reflétant les aspects les plus importants de la foi chrétienne dans leurs productions et en aidant ainsi les jeunes contemporains à s'établir dans l'espérance du Seigneur, à les renforcer dans l'amour de Dieu et du prochain et à faciliter pour eux l'entrée dans l'Église du Christ. Il est très important ici de s'en tenir à un "juste milieu". Dans de tels projets, il est tout à fait acceptable d'utiliser des approches modernes de prédication et de se référer aux réalités de la culture de masse contemporaine séculière, dans laquelle les jeunes d'aujourd'hui sont élevés. Pourtant, ce faisant, les auteurs doivent rester fidèles à l'esprit de la tradition de l'Église, à la pureté de la doctrine orthodoxe et aux fondements de la morale chrétienne. En effet, comme il est dit dans les Évangiles, "Car par vos paroles vous serez justifiés, et par vos paroles vous serez condamnés" (Matthieu 12,37).

C'est pourquoi une telle discussion avec les jeunes sur les fondements de la foi chrétienne ne doit pas devenir - en se réjouissant des valeurs de "cette  époque" - une trahison des principes doctrinaux et moraux du témoignage chrétien sur la vérité.

Malheureusement, de nombreuses vidéos présentées sur le portail de l'Académie de la Foi paraissent précisément un exemple de déviation de leurs auteurs des principes authentiques de l'œuvre missionnaire chrétienne.

Tout d'abord, je voudrais dire quelques mots sur les textes publiés sur le portail de l'Académie de la Foi. Heureusement, après un rapide coup d'œil, ils ne semblent pas poser de problèmes quant à leur contenu doctrinal et moral. Cependant, on peut avoir l'impression que ces textes doctrinalement corrects destinés à présenter les fondements de la doctrine orthodoxe, ont été écrits par un professeur travaillant dans le domaine de l'enseignement ecclésiastique supérieur, non pas pour des jeunes gens non instruits, mais pour ses propres étudiants. Ces textes ressemblent à de brefs résumés de conférences sur la théologie dogmatique plutôt qu'à des essais missionnaires catéchétiques pour ceux qui commencent leur cheminement vers la foi. Tout est très sophistiqué, complexe et abscons dans ces textes. Et les sujets qui ont été choisis sont très difficiles. Telle est, par exemple, la section intitulée "Qu'est-ce que la monarchie du Père", qui contient des phrases comme celle-ci : "La causalité existant dans notre monde ne peut être comparée à la causalité en Dieu, puisque le Père est une cause rationnelle et aimante, capable d'éviter la hiérarchie dans Sa génération et Sa procession. Pauvres jeunes ! Oseraient-ils s'en prendre à une science théologique aussi ardue ?

Il convient maintenant de dire quelques mots sur le contenu des vidéos présentées sur le portail de l'Académie de la Foi. Elles ont été créés dans le style de l'animation par ordinateur, elles intègrent activement les éléments de la culture de masse contemporaine, regorgent d'images visuelles brillantes, parfois exagérées et comiques, elles utilisent un langage compréhensible et intelligible par les jeunes de notre époque, ressemblent parfois à des bandes dessinées animées et reflètent les réalités du cinéma, de la musique et des arts actuels, bien connues des adolescents. 

Ces éléments spécifiques de la culture contemporaine sont constamment liés dans les vidéos à l'imagerie de la culture orthodoxe traditionnelle, à la peinture d'icônes et au symbolisme chrétien. Et, bien que certaines de ces vidéos semblent trop provocantes pour "l'œil orthodoxe", elles ne méritent pas toutes des commentaires négatifs sur leur contenu théologique et moral. Cependant, malheureusement, il y a beaucoup de vidéos parmi elles qui méritent l'évaluation la moins flatteuse, et d'ailleurs, les plus infructueuses sont les vidéos sur les domaines les plus importants de la doctrine chrétienne, telles que "Pourquoi Dieu est Trinité", "Qui est Dieu ? "A propos de la Liturgie", « Qu’est-ce que la tradition sacrée" et « Existe-t-il un christianisme au-delà des frontières de l'Orthodoxie ?" J'aborderai le contenu doctrinal et moral de chacune.

1. Vidéo "Pourquoi Dieu est Trinité"(scénario du diacre Ilya Kokine)




Certainement, c'est l'exemple le plus flagrant de toutes les vidéos présentées sur le Portail.

Il convient de mentionner que les auteurs de la vidéo en ont retiré plusieurs images à la suite de remarques critiques formulées par moi-même et par d'autres téléspectateurs. Malheureusement, cela n'a en rien résolu le problème...

Je ne raconterai pas en détail la composante "humoristique" de la vidéo, mais je ne donnerai qu'un seul exemple qui permettra de transmettre en partie son humeur "divertissante" générale. La vidéo contient diverses images symboliques et parallèles du monde créé, permettant au spectateur d'approcher mentalement le mystère de la Sainte Trinité : Comment un seul Dieu peut-il être en trois personnes ? 

Ces images comprennent le soleil (le soleil, la lumière et la chaleur), l'arbre (racine, tronc et couronne), etc. Cependant, les auteurs de la vidéo ont décidé d'ajouter leur propre contribution à l'inventaire figuratif des symboles du Dieu trinitaire. C'est une tasse de cappuccino dans laquelle on mélange du café, de la crème et du sucre. Ces découvertes théologiques, sont, pour le moins déconcertantes. Comme nous le comprenons bien, théologiquement cette image est absolument incorrecte, puisque dans une tasse de cappuccino, trois substances complètement hétérogènes, différentes les unes des autres dans la nature, sont combinées de manière aléatoire. De plus, les auteurs n'ont pas pu s'empêcher de faire une plaisanterie très étrange : "Une tasse, mais j'en veux trois"... Est-ce là l'explication du mystère de l'Unité et en même temps de la Trinité de Dieu ? Telle est, si je puis dire, la "plaisanterie" qui embrouille complètement le spectateur…

Passons maintenant à l'essence théologique de cette vidéo : au tout début, l'icône de la "Sainte Trinité" de saint André Roublev apparaît devant le spectateur. On nous dit que l'artiste a représenté trois personnes divines sur l'icône : le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Et puis le présentateur corrige saint André : "Bien que, franchement, ce ne soit pas le cas." Ensuite, extrêmement intrigués par cette déclaration, nous sommes informés que l'icône représente trois personnages - des voyageurs qui un jour apparurent au juste  Abraham de l’Ancien Testament, et prédirent la naissance de son fils Isaac. "Mais ce qui s'est passé par la suite n'entre pas dans l'intrigue sur l'apparition de la Sainte Trinité", nous dit le présentateur en confidence. 

"Un voyageur resta pour parler avec Abraham, et les deux autres allèrent dans la ville de Sodome, où ils furent soumis, hum... à du harcèlement. Et à quoi d'autre pouvait-on s'attendre de la part des Sodomites ?" Comme on le sait, le mot "harcèlement" signifie le plus souvent une imposition sexuelle criminelle et persistante, une agression sexuelle dans l'intention de viol. A cette époque, l'image animée représente une foule de personnages gris - des habitants de la ville de Sodome, se précipitant vers la maison où deux anges viennent d'entrer. Ensuite (dans la version originale de la vidéo), nous avons pu voir deux anges quitter la maison avec les joues rouges et les visages tristes, tenant des affiches avec l'inscription "#me too" dans leurs mains. Laissez-moi vous expliquer : "me too" est un hashtag, aujourd'hui très populaire, qui postule la condamnation de tout harcèlement et de toute violence sexuelle ; il s'est récemment répandu dans les médias sociaux d'aujourd'hui après une série de scandales sexuels à Hollywood. Ces cadres avec l'affiche et les anges honteux ont disparu de la nouvelle version de la vidéo, mais le sujet du "harcèlement" y est toujours resté. Les auteurs de la vidéo n'ont pas expliqué si ces deux anges ont été violés par les Sodomites, mais nous espérons que la vraie conscience dogmatique orthodoxe qui nie la corporéité matérielle des anges a aidé le scénariste à rejeter cette pensée audacieuse. 

Je dois tout de suite mentionner que selon le récit biblique, les événements qui ont eu lieu à Sodome et auxquels ont participé les voyageurs qui ont visité Abraham, se sont passés d'une manière complètement différente de ce qu'il semble aux auteurs de la vidéo : "Mais les hommes à l'intérieur ont tendu la main et ont ramené Lot à l'intérieur de la maison et ont fermé la porte. Alors ils frappèrent d'aveuglement les hommes qui étaient à la porte de la maison, jeunes et vieux, afin qu'ils ne puissent pas trouver la porte " (Genèse 19: 10-11). Quoi qu'il en soit, le cours de présentation vidéo de la doctrine trinitaire se poursuit. Le présentateur dit : "Mais le but ici n'est même pas dans une situation épicée, mais dans le fait que nous appelons la Sainte Trinité Consubstantielle, Une, et Indivisible." Sans expliquer la signification de ces formulations théologiques sophistiquées, les auteurs procèdent immédiatement et résolument à la ruine du "mythe" erroné de la Trinité de Roublev. 

Aucune Trinité n'est apparue à Abraham, puisque les "voyageurs bibliques se sont séparés." L'auteur laisse entendre ici que l'un des voyageurs est resté avec Abraham, tandis que les deux autres, comme le racontent les auteurs de la vidéo, sont allés à Sodome où la foule grise et agressive a tenté de les violer. Alors les paroles de l'apôtre Jean apparaissent soudainement dans la vidéo : "Personne n'a jamais vu Dieu, mais le Fils unique, qui est au sein du Père, l'a fait connaître" (Jean 1:18). Les auteurs de la vidéo soulignent : personne n'a vu Dieu le Père. C'est pourquoi, selon eux, Dieu le Père et donc toute la Trinité n'auraient pas pu apparaître à Abraham. Pourtant, en même temps, les auteurs de la vidéo croient que Dieu le Fils pourrait encore apparaître à Abraham. "Qui donc apparut à Abraham ?" - Selon le scénariste, Dieu le Fils et deux anges avec lui. Selon l'affirmation des auteurs, ce sera "la chose la plus logique"à supposer (je dois le noter : cette logique dans le raisonnement humain sur le mystère de la Sainte Trinité est une chose dangereuse !)

Ici, nous devrions nous arrêter brièvement pour examiner plus en détail les principaux arguments des auteurs de la vidéo. Ainsi, de leur point de vue, Dieu n'apparaît pas à Abraham comme Trinité. Après tout, les voyageurs après avoir visité Abraham se séparèrent les uns des autres, alors que la Sainte Trinité ne peut être divisée. De plus, toute la Trinité ne pouvait pas apparaître à Abraham à cause de l'invisibilité absolue de Dieu le Père.

Je dois m'opposer aux auteurs de la vidéo. Tout d'abord, il faut rappeler que dans la peinture d'icônes orthodoxe médiévale (byzantine et russe), il existe un grand nombre de représentations de "l'hospitalité d'Abraham" accompagnée de l'inscription "Trinité" ou "Sainte Trinité". Dans l'art orthodoxe, ces images de la "Trinité de l'Ancien Testament" sont les plus traditionnelles. Cependant, les inscriptions "Père", "Fils" et "Saint Esprit" ne sont pas faites près des figures, car elles sont considérées comme canoniquement inacceptables. Je devrais également mentionner que de telles icônes de la Trinité de l'Ancien Testament incluent souvent (contrairement à l'icône de la Sainte Trinité par saint André Roublev) Abraham et Sarah, la table avec des plats, des serviteurs, et ainsi de suite. 

Ainsi, pour l'art orthodoxe, la vérité de l'apparition de la Sainte Trinité à Abraham est, dans un bon sens du terme, "la connaissance commune". La tradition des Saints Pères comprend souvent cette apparition des Trois Voyageurs à Abraham précisément comme l'apparition de la Sainte Trinité. Cependant - et ici les auteurs de la vidéo ont en partie raison - certains Saints Pères avaient une autre opinion : c'était Dieu le Fils et deux anges avec Lui qui apparurent à Abraham. Cependant, de célèbres Saints Pères, théologiens et exégètes, comme saint Cyrille d'Alexandrie, saint Ambroise de Milan ou saint Augustin, croyaient que c'était précisément la Sainte Trinité - Dieu le Père, le Fils et l'Esprit Saint - qui apparut à Abraham. Dans la tradition russe, le principal partisan de l'idée de l'apparition du Dieu trinitaire à Abraham était saint Joseph de Volotsk. En effet, saint Cyrille d'Alexandrie explique aussi pourquoi les Divins Voyageurs se sont divisés après le repas d'Abraham : les anges qui apparurent à Abraham, "pourraient être l'image de Dieu ; trois s'approchèrent d'abord d'Abraham au Chêne de Mamré, mais seulement deux entrèrent dans Sodome : " Le Père ne juge personne mais il a donné tout jugement au Fils " (Jn. 5 : 22), avec qui, sans aucun doute, il est présent et en qui l'Esprit Saint demeure selon la nature " (Saint Cyrille d'Alexandrie, Sur l'Adoration dans l'Esprit et la Vérité, 1ère partie, Livre 6). Ainsi, selon la pensée de saint Cyrille, Dieu le Père a laissé le jugement de la Sodome pécheresse précisément au Fils dans sa coopération avec le Saint-Esprit, mais le Père lui-même ne porte jamais aucun jugement et n'est donc pas allé à Sodome.

Il faut dire ici que, malgré le fait que les Trois Voyageurs semblent se diviser après avoir visité Abraham, cela ne peut évidemment pas signifier que les Personnes de la Sainte Trinité se soient séparées les unes des autres. Après tout, Dieu est omniprésent... Oui, en apparence, ils se sont séparés ici, mais la Trinité ne se sépare jamais. Après tout, nous ne considérons pas l'envoi de Dieu le Fils dans le monde, Qui est descendu du Ciel en sacrifice expiatoire pour la race humaine, comme une séparation des personnes divines. Quoi qu'il en soit, un argument aussi étrange de la part des auteurs de la vidéo - il ne pouvait s'agir de la Trinité, parce que les trois voyageurs se déplacent dans des directions différentes - est absolument frivole du point de vue doctrinal et ne fait que confondre et désorienter l'observateur. En ce qui concerne le passage de l'Évangile de Jean, cité par les auteurs de la vidéo (" Personne n'a vu Dieu à aucun moment. Le Fils unique, Qui est dans le sein du Père est Celui Qui l’a fait connaître"), cela n'a rien à voir avec le sujet de l'Ancien Testament, parce qu'il fait référence au moment de l'Incarnation du Fils de Dieu quand, devenu humain, il nous est devenu visible, car le Verbe s'est fait chair.

De plus, la formulation dogmatique trinitaire ultérieure de la vidéo ne me semble pas appropriée : "Les Trois Personnes, c'est-à-dire les Trois Personnalités Indépendantes, ont une nature commune." Un mot extrêmement inapproprié ici est "indépendant". 

Pour le spectateur d'aujourd'hui, le mot "indépendant" signifiera nécessairement "séparé", "isolé". Et là commence une nouvelle "tentation" née de la vidéo : l'idée que les Trois Personnes sont trois dieux distincts, reliés les uns aux autres uniquement par l'amour, commence à apparaître de plus en plus clairement. Une comparaison plus poussée des Trois Personnes de la Sainte Trinité avec la plénitude de la race humaine, composée de personnalités isolées et complètement séparées les unes des autres, soutient également ce point. De plus, la vidéo fait une autre déclaration extrêmement audacieuse : "On peut comprendre le mystère de la Sainte Trinité en regardant l'homme, puisque, comme la Sainte Trinité, "l'humanité entière est un seul organisme avec la multitude des personnes". Ainsi, les auteurs de la vidéo ont déjà compris avec succès et complètement le mystère ineffable de la Sainte Trinité ("On peut comprendre le mystère de la Sainte Trinité..."). Mais savent-ils que, selon les saints Pères, ce mystère ne peut en aucun cas être compris pleinement et rationnellement par une personne créée et imparfaite ?

Vient ensuite une autre question dogmatiquement inexacte et manifestement incorrecte : "Pourquoi Dieu a-t-il besoin de trois personnes ?" Pourquoi Dieu est-il ainsi et pas d'une autre nature ? Poser de telles questions en théologie est le pire faux pas qu'on puisse imaginer... Si seulement les auteurs de la vidéo pouvaient répondre honnêtement à cette question : "On n'en sait rien !" Cependant, malheureusement, ils commencent (de leur point de vue) à y répondre, avec diligence et exhaustivité, continuant ainsi à rationaliser et à simplifier de plus en plus le mystère de la Sainte Trinité. "Dieu est Amour, mais l'Amour a besoin de l'Autre. L'amour est quelque chose qui unit deux ou plusieurs personnalités." Une conclusion extrêmement tentante d'un point de vue doctrinal découle de la vidéo : le Père, le Fils et le Saint-Esprit sont unis non par l'unité de leur nature commune, non par leur consubstantialité, mais par leur qualité commune d'amour énergétique, que les spectateurs d'aujourd'hui vont inévitablement interpréter - conformément à leur compréhension quotidienne du sens de l'amour - de manière très simple : le Père, le Fils et le Saint Esprit sont unis seulement par les tendres sentiments qu'ils expriment les uns envers les autres. "L'amour s'est refroidi, expliquent les auteurs de la vidéo, "en nous", mais pas en Dieu, car contrairement à nous, le Père, le Fils et l'Esprit Saint, "ont réussi dans l'amour..."

En tant que spectateur potentiel, quel est le résultat final que je peux tirer de cette vidéo ?

1. Saint André Roublev a mal interprété un récit biblique de l'Ancien Testament, il s'est trompé et il a peint une icône avec le mauvais sujet représentant quelque chose qu'il n’aurait pas dû.

2. Le Fils de Dieu et deux autres anges apparurent à Abraham ; puis on essaya de les violer à Sodome, mais tout cela n'a rien à voir avec le sujet de la Sainte Trinité.

3. Le Dieu Unique a Trois Personnes, mais ce n'est pas comme le Serpent à plusieurs têtes des contes de fées russes, mais comme les nombreux êtres humains qui vivent sur terre.

4. Le cappuccino est une très bonne chose : non seulement parce qu'il est délicieux, mais aussi parce qu'il est une image symbolique réussie de l'unité des personnes de la Sainte Trinité.

5. Les auteurs de la vidéo savent à coup sûr pourquoi Dieu a besoin de Trois Personnes - pour qu'il y ait des Personnes pour s'aimer en Dieu.

6. La condition préalable et le fondement de l'unité des Trois Personnes de la Sainte Trinité, Personnalités indépendantes, n'est pas leur unité selon la nature commune, mais précisément le parfait sentiment d'amour qu'elles éprouvent les unes envers les autres.

Et une autre remarque importante concernant le contenu de cette vidéo : ses auteurs ont utilisé presque tout le matériel source pour la vidéo de l'Ancien Testament, mais ils n'ont pratiquement pas mentionné la doctrine de la Sainte Trinité du Nouveau Testament. Pourquoi en est-il ainsi ? Comme c'est étrange !

2. Vidéo "Qui est Dieu" (scénario du prêtre Serge Baritsky) 

Selon les auteurs de cette vidéo, tous les dieux semblaient être des créatures fantaisistes et inaccessibles aux païens dans les temps anciens. Les gens avaient l'impression qu'ils devaient rester loin d'eux. Les auteurs de la vidéo comparent ces dieux avec le Dieu chrétien. Ils nous le disent avec optimisme : "Un jour... quelque chose s'est brisé dans ce mode de vie païen lugubre". Un homme né dans la petite province romaine de Judée a apporté au peuple quelque chose dont les anciens ne pouvaient que rêver : Il a révélé au peuple l'amour de Dieu le Père." Super ! Nous nous préparons à entendre que cette personne (bien sûr, c'est Jésus-Christ) était le Fils de Dieu, le vrai Dieu, qu'Il est venu pour sauver le monde. Rien de tel ! Ils ne nous en parleront pas, on n'en parle même pas. On nous parlera de la florissante Florence et de Dante qui y ont vécu. Il restera dans l'esprit des spectateurs (qui bien sûr comprennent qui a été mentionné), que Jésus n'était qu’un "homme" bon qui a finalement "révélé" Dieu - "le Père, Dieu aimant" - à l'humanité. Cependant, les spectateurs ne relieraient pas nécessairement cette "personne" au "Père" et ne seraient pas en mesure de conclure que c'est précisément cet Homme qui est le vrai Fils de Dieu le Père. Selon la vidéo, il n'était qu'un des nôtres : un "homme né dans la petite province romaine de Judée" - et c'est tout...

Alors qui est Dieu, du point de vue des auteurs de la vidéo ? Les gens ont essayé de répondre à cette question plus d'une fois. Comme le disent les auteurs, "Parfois les gens essayaient d'expliquer Dieu de manière affirmative, en lui donnant des noms et en décrivant [ses] qualités ; parfois ils essayaient de le faire par le déni des propriétés typiques des êtres humains". Avec ces mots, les caractéristiques et les noms de Dieu traditionnels pour la doctrine orthodoxe apparaissent sur l'écran : "Dieu est éternel", "n'a ni commencement ni fin", "immortel", "tout-puissant", "miséricordieux", "juste", "qui voit tout", "la première cause", "immuable", "amour", "incompréhensible", "Dieu est un"... On pourrait s'en réjouir et même applaudir toutes ces formulations orthodoxes offertes au spectateur, mais tout d'un coup, le présentateur leur répond avec beaucoup de scepticisme : « Des mots, des mots, des mots…" Et puis, à l'improviste, il ajoute : "Mais, en fin de compte, peu importe ce qu'il est." Quoi ?!!!...

Nous avions prévu de découvrir l'enseignement orthodoxe sur Dieu, et maintenant il s'avère que tout l'enseignement orthodoxe est absurde, que vous pouvez éteindre l'ordinateur et aller faire des choses complètement différentes ? Car selon les auteurs de la vidéo, peu importe ce que Dieu est vraiment ! Les auteurs continuent : peu importe ce qu'il est - "le Tout-Puissant, l'éternité ou l'Esprit Immortel. On ne peux pas réchauffer son âme avec ça." Pendant ce temps, sur l'écran, un morceau de papier sur lequel sont écrits les noms orthodoxes de Dieu, se froisse et s'envole dans les ténèbres. "L'âme humaine ne cherche pas des formules exactes, mais l'amour parental ", expliquent les auteurs de la vidéo. Oui, en effet, on peut être d'accord avec eux ici : l'âme aspire à l'amour de Dieu et elle apprend à L'aimer. Seul problème - le mot "amour" a été écrit sur la page froissée et flottante comme l'un des noms de Dieu… 

Tout ce qui se passait à l'écran ressemblait de plus en plus à des sermons protestants populaires appelant à renoncer au dogmatisme médiéval obsolète et à embrasser la chose la plus importante et la seule vraie : Jésus vous aime ! Mais encore une fois, une citation exaltée du Nouveau Testament clignote à l'écran : "Mais à tous ceux qui l'ont reçu, il leur a donné le droit d'être enfants de Dieu, à ceux qui croient en Son Nom" (1 Jean 1:12).  Cependant, pour une raison ou pour une autre, il disparaît aussi avec un sifflement lorsqu'une larme du Dante de la vidéo qui pleure, tombe dessus. Une feuille de papier propre et vide reste à la place de la citation... Enfin, il s'avère que dans cette vidéo, les auteurs s'opposent résolument au "dogme, aux spéculations rationnelles froides" sur Dieu et à "l'expérience chaleureuse de la rencontre avec Dieu", "qui supprime toute question" comme la question "Qui est Dieu ? Probablement, selon les auteurs de la vidéo, ces "spéculations rationnelles""superflues" comme la doctrine orthodoxe "froide" des propriétés et des noms divins sont aussi enlevées ici…



3. Vidéo "Liturgie" (scénario du diacre Ilya Kokin)


Suite à la critique de son contenu, cette vidéo a également fait l'objet d'une petite correction "cosmétique"...

Cette vidéo tente, d’une manière contre nature, de rapprocher la doctrine orthodoxe de la Liturgie et de l'Eucharistie des idées du philosophe religieux et mystique russe Nicolas Fiodorov, qui figuraient dans son ouvrage Philosophie de la Tâche Commune et qui étaient à la base de la philosophie dite du mouvement "cosmisme russe" [https://fr.wikipedia.org/wiki/Cosmisme]Comme on le sait, tout au long de sa vie, Fiodorov a tenté de mettre en œuvre un étrange projet utopique - la résurrection universelle des morts par le simple pouvoir de la connaissance scientifique. Cette résurrection des ancêtres n'était en aucun cas censée devenir une action divine, mais était considérée par Fiodorov comme une tâche de l'humanité. 

Dans Les Voies de la Théologie Russe, l'archiprêtre George Florovsky a bien décrit sa position idéologique de la manière suivante :

"L'enseignement de Fiodorov est une forme particulière de positivisme religieux, forme raffinée de "religion positive". Et, à proprement parler, rien n'y changerait s'il n'y était pas fait mention de Dieu (comme beaucoup de successeurs de Fiodorov le font maintenant)... On dit que Fiodorov était un homme d’église. Pourtant, sa vision du monde," dans la majorité de ses hypothèses", n'était pas du tout chrétienne et contredisait fortement la révélation et l'expérience chrétienne. Et c'est plus une idéologie qu'une vraie foi... Fiodorov écrit : " Le Christ est le résurrecteur et le christianisme est résurrection ; la fin du ministère du Christ fut la résurrection de Lazare..." Ce n'est pas une glissade accidentelle de la langue. Pour Fiodorov, le Christ n'était qu'un grand faiseur de miracles auquel les esprits et les éléments obéissaient. Le Mystère de la Croix lui restait fermé, " la crucifixion et la mort du Christ n'étaient que la vengeance impuissante des ennemis de la résurrection et des ennemis du ressuscité..." Pour Fiodorov, Béthanie, où Lazare est ressuscité, était plus importante que Nazareth, Bethléem et même Jérusalem... Il parle du Christ très rarement, à peine et obscurément, en utilisant des paroles peu inspirantes et peu convaincantes. Strictement parlant, Fiodorov n'a pas du tout de christologie..."

Cependant, la doctrine de la "tâche commune" de Fiodorov et la doctrine chrétienne de la Liturgie comme "tâche commune" de notre communion avec le même Christ en la divinité duquel Fiodorov ne croyait pas, pour une raison quelconque, semblent être profondément en accord et intégralement unies pour les auteurs de la vidéo. "Après tout, le nom 'Tâche commune' est une traduction littérale du mot grec...'Liturgie'"... D'ailleurs, l'idée de Fiodorov selon laquelle "un jour la science trouvera le moyen de ressusciter nos ancêtres morts. Alors nous aurons une belle vie" est positivement importante pour les auteurs de la vidéo. Probablement, de leur point de vue, elle est très utile pour le travail missionnaire (sinon, elle n'aurait pas été inclus dans la vidéo) et elle peut contribuer au ministère catéchétique.

La première version de la vidéo contenait une expression figurative vivante : Après la Chute, les gens sont devenus ce qu'on appelle des " fragments de corps " dans les chroniques criminelles, en d'autres termes, sont devenus "démembrés…" Suite aux critiques, le mot "démembré" a disparu du texte de la vidéo...

Malheureusement, la vidéo sur la Liturgie est une véritable « décharge publique" d'informations et personne ne sait pourquoi elle a été donnée. Par exemple, il y a une citation d'un des apocryphes attribués au Christ : "Béni soit l'homme qui mange le lion, car alors le lion deviendra un homme, et malheureux est l'homme qui est mangé par le lion, car alors l'homme deviendra un lion."Étant donné que de nombreux téléspectateurs de la vidéo ne savent probablement pas encore clairement ce que sont les apocryphes, après avoir regardé cette vidéo, l'arsenal des citations de l'Evangile va sensiblement augmenter dans l'utilisation de nombreux catéchistes....

4. Vidéo "Qu'est-ce que la tradition sacrée ?" (Scénario d'Alexey Pichtchouline).


https://www.youtube.com/watch?v=eppd1K-6Vkw

Cette vidéo contient une interprétation très étrange du concept doctrinal standard de la "Tradition sacrée", qui ne correspond à aucune compréhension traditionnelle possible de ce concept très important de la doctrine orthodoxe.
Tout d'abord, je vais donner une citation de la vidéo : "La Sainte Écriture était à l'origine la Tradition, et la Tradition en est devenue une partie intégrale."

En effet, le contenu de l'Écriture a été transmis à l'origine dans le sermon des Apôtres comme Tradition orale, avant l’Ecriture des Évangiles et des Épîtres. Ceci est correct. Cependant, l'affirmation selon laquelle la Tradition a été incluse dans l'Écriture en tant que partie intégrante n'est pas vraie. Je n'ai jamais vu une interprétation aussi étrange de la relation entre les concepts théologiques de la "Sainte Écriture" et de la "Tradition sacrée" ailleurs.
Il existe deux approches classiques pour comprendre la relation entre l'Écriture et la Tradition.

A) L'Ecriture et la Tradition sont deux sources complémentaires de la doctrine religieuse. Sous cette forme, ce principe apparaît, par exemple, dans les cours classiques russes d'enseignement pré-révolutionnaire de théologie dogmatique, par exemple, par le Métropolite Macaire (Boulgakov).

B) L'Écriture est l'une des formes de la Tradition (la plus parfaite, puisque sa source est directe, infaillible et divinement inspirée par la Révélation) ; dans chaque forme de Tradition, y compris l'Écriture, la même vérité révélée par Dieu est exprimée en plénitude, mais de manières différentes et dans ses divers modes. Dans cette approche, Tradition et Écriture ne se complètent plus, comme dans la version A), mais sont une seule et même révélation sur Dieu, n'apparaissant que sous des formes différentes. Une telle interprétation a été proposée, par exemple, par Vladimir Lossky.

L'idée des auteurs de la vidéo selon laquelle la Tradition est entrée dans l'Écriture comme partie intégrante de celle-ci contredit toute version de la doctrine dogmatique orthodoxe de la Tradition et de l'Écriture. Une telle formulation ne peut être considérée comme admissible ; elle détruit complètement le sens dogmatique traditionnel des deux concepts théologiques acceptés dans l'Église.

Dans de tels projets missionnaires, on peut s'efforcer autant qu'on le souhaite d'atteindre la simplicité et la clarté de présentation. Cependant, il est obligatoire de tout formuler théologiquement correctement et sans contradictions par rapport à la même Tradition de la Sainte Église, tout en parlant simplement et clairement de choses sophistiquées. Dans ce cas, les auteurs de la vidéo sont engagés dans une invention obscure et inadmissible qui n'a rien à voir avec la théologie orthodoxe traditionnelle. Ils enseignent n'importe quoi au spectateur, mais pas ce qu'est la Tradition Sacrée dans son sens d’Église traditionnel.

La déclaration "La Protection de la Vierge [Pokrov] est une fête mondiale de l'Eglise" de cette vidéo (juste pour mémoire) provoque également de l'étonnement. 

C'est tout simplement faux. La fête de la Protection n'est célébrée que dans l'Église russe. Ni l'Église orthodoxe grecque, ni l'Église orthodoxe géorgienne, ni aucune autre Église locale ne célèbre cette fête.

Cependant, le plus énorme est dans la deuxième moitié de la vidéo. Tout d'abord, je vais mentionner une citation tirée du dessin animé : "La tradition est la même source essentielle de notre connaissance de Dieu que l'Écriture Sainte." Une image apparaît à l'écran : des balances avec des casseroles équilibrées. Supposons que l'approche pour comprendre le sens de la Tradition dans l'option 
A) (voir ci-dessus) soit choisie ici. Mais alors commence un étrange courant de conscience. Si la Tradition est sacrée et est une source vraie et fiable de notre connaissance de Dieu, pourquoi alors l'idée qu'il existe pourtant précisément une "différence fondamentale" qualitative entre les deux commence-t-elle à être introduite ? Quelles sont ces différences ? Les auteurs expliquent : "Les textes qui sont devenus partie intégrante du Nouveau Testament sont passés à travers le filtre de la critique... Inversement, les traditions se sont spontanément développées et se sont répandues au cours des siècles sur de vastes étendues du monde baptisé et elles l'ont fait de la manière la plus démocratique : quelqu'un a écouté - et l'a transmis.... Vous ne l'avez pas bien attrapé ? - pas de problème ! Pour cela, on vous a donné des capacités créatives. Par conséquent, les absurdités... pourraient entrer dans la version originale... Et le niveau théologique des conteurs... était différent." Allez, venez ! On vient d'affirmer que l'Écriture et la Tradition sont deux sources pratiquement équivalentes et substantielles de notre connaissance de Dieu. Et maintenant, pour une raison quelconque, il s'avère que la Tradition (précisément la Tradition Sacrée, dont il est question ici !) est pleine de toutes sortes de contes de vieilles femmes ! Qu'elle est remplie d'absurdités! La Tradition Sacrée est ainsi assimilée mécaniquement aux "traditions de l'Antiquité profonde" (selon le poème d'Alexandre Pouchkine). D'une part, selon les auteurs de la vidéo, la Tradition est sacrée ; et d'autre part, ceci: (je tiens à le souligner !) cette Tradition SACRÉE est pleine de toutes sortes d'absurdités. Les auteurs n'ont pas pris la peine de faire la distinction entre les deux :
A) d'une part, Tradition et traditions (en tant que coutumes traditionnelles comme le signe de croix), et

B) d'autre part, les opinions superficielles, les croyances naïves et les éléments légendaires qui ont pénétré dans la conscience de certains chrétiens au cours des siècles et qui se reflètent dans la littérature chrétienne et l'art ecclésial - des opinions qui ne possèdent certainement pas l'autorité de la Sainte Tradition pour nous.

Les auteurs ont empilé tout cela en un seul tas et l'ont inscrit sous le nom commun de "Tradition Sacrée". C'est pourquoi, suivant ce qui a été dit, ils vont encore plus loin et assimilent de manière générale le contenu de la Tradition Sacrée au folklore des contes de fées, aux épopées et aux paroles : "Est-il donc nécessaire d'honorer la Tradition Sacrée ? Bien sûr, c'est le cas !… Elle contient la mémoire collective du peuple de l'Église. De la même manière, les érudits ont chéri et étudié le folklore des contes de fées, les épopées héroïques et folkloriques, et les dictons pendant des siècles." 

Il s'avère que la tradition de la Nativité de la Vierge et les histoires de centaures et de basilics, que l'on retrouve dans les pages de la vie ancienne des saints, sont des choses du même niveau et du même ordre, appelées également et sans distinction par les auteurs de la vidéo du même nom de Tradition Sacrée. C'est ce que le spectateur peut apprendre de la vidéo à sa fin. Les auteurs le confirment également en résumant - déjà après avoir expliqué de manière claire et critique l'arrière-plan populaire "authentique" de la Sainte Tradition - "L'Ecriture et la Tradition forment ensemble un tout."

Dans les dernières secondes de la vidéo, une autre image vivante apparaît, ce qui dépasse la compréhension de toute personne orthodoxe. Cela dit d'abord : "L'Écriture et la Tradition forment ensemble un tout, puis une image représentant notre planète Terre apparaît à l'écran. "L'Écriture et la Tradition forment ensemble un tout unique, comme une planète et son atmosphère - avec des nuages, soit sous forme de montagnes célestes, soit sous forme d'ailes angéliques. La tradition est l'atmosphère accumulée depuis deux millénaires, qui entoure le noyau précieux : la simplicité cristalline originelle et la clarté de la parole de Dieu [Écriture]." 

Ainsi, selon les auteurs de la vidéo, l'Écriture simple et claire, fiable et indubitable dans sa pureté infaillible est le fondement solide sur lequel reposent notre foi et notre salut chrétien, tandis que la Tradition n'est que quelques châteaux nuageux dans les airs : si vous regardez son contenu, c'est comme si vous voyez le ciel - parfois comme une montagne et parfois comme un ange qui passe en volant. Tout cela est changeant, fluide et, surtout, accidentel comme les nuages célestes qui changent constamment leurs formes instables. Contrairement à la "base solide" de l'Écriture, on ne peut pas s'établir fermement sur le "nuage" de la Tradition ; il est impossible de s'y tenir ou d'y prendre pied. On ne peut que tomber à travers n'importe quel nuage et c'est tout. 

La tradition est une substance peu fiable remplie de fantaisies et d'éléments folkloriques venant de la nature créative chrétienne. Ainsi, la Tradition est ici déplacée de façon décisive par les auteurs de la vidéo du Royaume divinement révélé au royaume poétique et esthétique. La tradition perd complètement son sens sotériologique pour nous et s'avère n'être qu'une sorte de phénomène culturel. Une telle approche pour comprendre le sens de la Tradition Sacrée choisie par les auteurs de la vidéo est absolument protestante dans son esprit. 

Dans l'idéologie de la vidéo, tout comme dans le protestantisme, seule l'Écriture Sainte, Sola scriptura, joue un rôle salvifique et divin pour un chrétien, tandis que la Tradition n'est qu'une interprétation du contenu de la Révélation Divine par un esprit humain faible, plein d'erreurs, de contradictions, de choses imaginaires, de figures du langage et de pure sauvagerie médiévale. Ce n'est plus Dieu, ni l'Esprit Saint, qui est ici l'auteur et le porteur de la Tradition ; ses auteurs et "inventeurs" sont uniquement chrétiens. Ainsi, du point de vue des auteurs de la vidéo, il s'avère que Vladimir Lossky déjà mentionné a écrit un non-sens complet, quand il a dit : "La tradition est la vie de l'Esprit Saint dans l'Église.... Nous pouvons donner une définition exacte de la Tradition en disant que c'est la vie qui transmet à chaque membre du Corps du Christ la capacité d'entendre, d'accepter et de connaître la Vérité dans sa lumière inhérente, et non dans la lumière naturelle du mental humain. L'Église possède la Tradition qui est la connaissance du Verbe incarné dans l'Esprit Saint."

5. Vidéo "Le christianisme existe-t-il au-delà des frontières de l'Orthodoxie ?" (scénario d’Alexis Pichtchouline)


https://www.youtube.com/watch?time_continue=1&v=LnmI7F0uqwo

"Le christianisme existe-t-il au-delà des frontières de l'Orthodoxie ?" - nous nous le demandons, en commençant à regarder la vidéo avec Alexis Pichtchouline. L'auteur nous répond de la part de Dieu Lui-même : "Ça ne te regarde pas.""Et qui es-tu pour poser la question?" 

Ce n'est donc pas notre affaire de savoir s'il existe un christianisme au-delà des frontières de l'Orthodoxie. Cela signifie-t-il que si quelqu'un venait me demander si la plénitude de la vérité chrétienne est contenue dans les doctrines du protestantisme, du bouddhisme ou de l'Islam, je devrais lui répondre ? "Je ne sais pas" ? 

Les auteurs de la vidéo expliquent : "Il est naïf et impoli de demander à Dieu lequel de ceux qui se disputent à Son sujet a le plus raison. C'est la même chose que si vous vous agitiez sur une chaise pendant la lecture d’un testament, en attendant que votre nom soit mentionné et en vous demandant jalousement ce que les autres frères et sœurs obtiendraient." Il est donc impoli de diviser l'héritage de Dieu. L'image est vivante. Il me vient à l'esprit que les héritiers héritent toujours des biens du défunt... Alors, Dieu est mort ? On dirait du Nietzsche...

Et qui sont, selon les auteurs de la vidéo, les autres héritiers que les chrétiens orthodoxes ? Pour commencer, les auteurs soulignent qu'il ne sera pas possible de diviser quoi que ce soit ici, dans l'héritage de Dieu, entre les représentants des différentes dénominations chrétiennes, puisque l'"alliance commune de Dieu" pour toute l'humanité "est pleine d'amour indivisible". 

"Oui, l'Église, marchant sur les pavés des siècles, a perdu l'unité. Elle a été brisée par des schismes, des désaccords doctrinaux, des facteurs géographiques et des cataclysmes historiques." Ainsi, selon les auteurs de la vidéo, l'Église a perdu son unité chrétienne primitive. Et maintenant il y a beaucoup d'églises chrétiennes différentes dans le monde qui défendent la même vérité, mais séparées par des "désaccords doctrinaux", c'est-à-dire la différence dans certaines approches secondaires - la différence d'opinion les unes des autres, rien de plus. Cependant, posons une question aux auteurs de la vidéo : comment interpréter les paroles du Credo - "Je crois en l’Église Une..." ? Alors, l'Église est-elle une, ou y en a-t-il beaucoup ?

Néanmoins, pour la Russie, selon les auteurs de la vidéo, le "choix de la foi""a été fait une fois pour toutes" et il reste pour toujours. Pourquoi a-t-il été fait une fois pour toutes ? Peut-être parce que notre foi est vraie, parce que l'Orthodoxie contient la vraie Révélation divine ? Il aurait été très souhaitable d'entendre précisément cela : sentir en regardant la vidéo que notre foi est précieuse parce qu'elle est vraie et salvatrice ! Pourtant, comment les auteurs de la vidéo répondent-ils à cette question ? 

Il s'avère que, selon eux, nous ne devrions pas changer notre foi orthodoxe actuelle simplement à cause du sens du patriotisme, à cause de l'idée de loyauté envers notre patrie, notre culture, la mémoire de nos ancêtres ; elle ne devrait pas être changée à cause de la mémoire de ceux qui ont donné leur vie pour cette foi, par exemple, les nouveaux martyrs du XXe siècle. C'est un peu gênant : ils sont morts pour cela, et nous allons y renoncer ! Sans scrupules ! 

Qu'en dit la vidéo ? "Le choix de la foi a été fait une fois, et en douter aujourd'hui signifie renoncer à son propre peuple, à ses ancêtres et à leur destinée commune avec ceux qui sont sur terre mais qui prient et se souviennent de vous au Ciel. Nous avons une compréhension née de la souffrance que notre foi est juste"... Ainsi, selon les auteurs de la vidéo, notre foi a raison précisément parce que la pensée de sa justesse est née de la souffrance de nos pères et grands-pères. 

C'est la bonne foi parce que vous êtes russe, et que vous devez donc être orthodoxes. Il s'agit d'une sorte de "patriotisme chauvin" qui remplace la recherche de la vérité salvatrice et le désir de vivre en unité avec le porteur de cette vérité - le vrai Dieu.... Selon la vidéo, nous devrions être orthodoxes non pas à cause de la plénitude de la Révélation Divine, la Vérité du Christ, gardée en Orthodoxie, mais seulement à cause de la fidélité au principe : nos pères l'ont établi, alors qu’il en soit ainsi!…

Et puis les auteurs de la vidéo affirment : "En conséquence, l'un de nous louera correctement Dieu, s’il réussit mieux dans les œuvres de miséricorde et d'amour." Il s'avère que la foi est une question secondaire et sans importance. Vous êtes orthodoxe ? - Super. Catholique ? - Excellent. Protestant ? - Merveilleux. Nous avons tous des Églises différentes qui ouvrent également et de la même manière le chemin vers Dieu. L'essentiel est simplement d'être une personne décente dans le cadre de ces vraies Églises... Le téléspectateur de la vidéo peut à nouveau se poser une question persistante : les protestants, par exemple, ont-ils des erreurs doctrinales ? Après tout, nous, orthodoxes, avons des "désaccords doctrinaux" avec eux... Alors, qui d'entre nous, nous ou eux, est plus juste dans la foi ? Voir ci-dessus la réponse donnée par les auteurs de la vidéo, "Ça ne te regarde pas.""Et qui es-tu pour poser la question?"

Ainsi, du point de vue des auteurs de la vidéo, le patriotisme, la fidélité à la mémoire des ancêtres et la charité sont les trois piliers sur lesquels repose notre christianisme (et en aucun cas la fidélité à certaines doctrines, pour ainsi dire)... 

L'imagerie visuelle qui accompagne cette vidéo semble effrayante. Voici Adam de la fresque de la chapelle Sixtine de Michel-Ange, ne touchant pas la main du Dieu céleste Qui le crée, mais touchant les tentacules de la pieuvre qui prend la place du Seigneur dans l'image ; apparemment, les auteurs de cette vidéo ont pensé que l'abondance des membres de ce poulpe devrait symboliser la pluralité des religions contenant la vérité sur Dieu, ou, comme ils disent ici, la variante du "choix du chemin vers Dieu". Il y a aussi une image visuelle vivante de la compétition entre les différentes dénominations chrétiennes sous la forme d'un spectacle public d'agapes (une légende inimaginable accompagne l'image qui est montrée ici au spectateur) : une table à côté de laquelle les cuisiniers habillés en habits traditionnels de prêtres de religion chrétienne préparent les plats des cuisines ethniques : le prêtre orthodoxe fait du pain de Pâques, un prêtre catholique fait la cuisson d'un morceau de viande, et un prêtre arménien grille un agneau sur un grill. C'est le genre de "spectacle d'agapè", c'est-à-dire le "spectacle chrétien de la Cène de l'amour", dont les auteurs de la vidéo proposent au public de rire....

Pour résumer tout ce qui précède, je peux dire que les vidéos du projet de l’Académie de la Foi, que j'ai regardé :

1. Contiennent un grand nombre d'inexactitudes doctrinales importantes, de déclarations négligentes du point de vue de la doctrine orthodoxe, d'idées exégétiques controversées, d'opinions syncrétiques mêlant des vérités chrétiennes à des idées quasi chrétiennes et même complètement occultes (comme les croyances religieuses, mais certainement pas chrétiennes de Fiodorov) ;

2. Sont saturées d'esprit protestant et en même temps extrêmement rationaliste.

3. Contiennent des plaisanteries extrêmement imprudentes, provocatrices, moralement inacceptables et absolument inappropriées à la limite de la décence (ou même au-delà). 
Voici un autre exemple que j'ai emprunté à l'une des vidéos : le chevalier russe du célèbre tableau de Viktor Vasnetsov se tient à la croisée des chemins devant une immense pierre ; une des inscriptions sur la pierre on lit : "Si tu vas à gauche (cette expression en russe a le sens figuré d'"avoir une liaison"), ton épouse le découvrira").

4. Un ordre de présentation extrêmement confus et alambiqué du matériel vidéo sera plus susceptible d'introduire de la confusion dans l'esprit des spectateurs plutôt que de leur donner une compréhension claire de la véritable essence de la doctrine chrétienne et des fondements moraux de l'Orthodoxie. 

Ces vidéos peuvent aliéner les catéchumènes potentiels au lieu de les aider à entrer dans l'Église du Christ.

Version française Claude Lopez-Ginisty


Kabarnos: Exomologiste

Frère José Muñoz

APPEL A UN CONCILE PANORTHODOXE, MEME SANS LE PAT. BARTHOLOMEE

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Métropolite Séraphim de Kythira (à gauche), 


Métropolite Séraphim du Pirée (à droite). 

Photos : agionoros.ru

Après une année de relations tendues entre les différentes Eglises locales et de persécutions contre l'Eglise canonique ukrainienne, et des appels répétés au patriarche Bartholomée de Constantinople à convoquer un concile pan-orthodoxe, deux hiérarques de l'Eglise orthodoxe grecque se mobilisent pour appeler tous les autres primats à réunir un concile pan-orthodoxe pour traiter la crise ukrainienne causée par le patriarcat de Constantinople.

Les Métropolites Séraphim du Pirée et Séraphim de Kythira se sont prononcés à plusieurs reprises contre l'anarchie de Constantinople en Ukraine, et ce sont eux qui ont révélé qu'il n'y avait pas eu de vote sur la reconnaissance de la schismatique "église orthodoxe d'Ukraine" au Concile des évêques de l'Église grecque le 12 octobre.

Finalement, Mgr Jérôme, archevêque d'Athènes, a reconnu officiellement les schismatiques en envoyant une lettre irénique à Epiphane Doumenko, "primate" de "l'église" orthodoxe ukrainienne schismatique.

Maintenant, comme le Métropolite Séraphim du Pirée l'a rapporté à vimaorthodoxias.gr, les deux Séraphim ont écrit une lettre commune dans laquelle ils appellent tous les primats des Églises orthodoxes locales à convoquer un concile pan-orthodoxe pour résoudre la crise ukrainienne.

Toutes les Églises locales recevront la lettre dans les prochains jours. Selon Vima Orthodoxias, les hiérarques demandent la convocation d'un concile panorthodoxe même sans la participation du patriarche Bartholomée, si nécessaire.

Le Métropolite Séraphim du Pirée a noté que la légalisation sans précédent des schismatiques en Ukraine est un crime.

Il est absolument inacceptable de dire que l'unité de l'Église est réalisée par la " restauration " et l'introduction en elle d'apostats impénitents, de conspirateurs secrets, anathématisés et non ordonnés, de personnes schismatiques ", souligne le Métropolite Séraphim, notant que seul un concile panorthodoxe possède l'autorité d'accorder l'autocéphalie.

Le hiérarque du Pirée note également qu'aucun patriarcat autre que Constantinople ne reconnaît les schismatiques et souligne que le Concile épiscopal de l'Église grecque a commis une erreur d'une ampleur historique en reconnaissant le droit de Constantinople à accorder l'autocéphalie en Ukraine et en accordant à l'archevêque Jérôme le droit de résoudre cette question pour l'Église grecque.

Le "clergé" de l'église ukrainienne schismatique ne possède pas d'ordinations valides, et ne peut donc pas être à la base d'une Église autocéphale et l'octroi d'un tomos par Constantinople était une erreur et un problème majeur.

Le Métropolite Séraphim de de Kythira a également parlé il y a quelques jours de la nécessité de convoquer un concile panorthodoxe. Dans ses commentaires à RIA-Novosti, il a parlé du sort de Sa Béatitude le Métropolite Onuphre de Kiev et de toute l'Ukraine et de l'Église canonique ukrainienne, que Constantinople a simplement ignorée pendant l'année écoulée.

"J'écris sur ce sujet depuis des mois, et je crois que du côté canonique, du côté ecclésiologique, les canons de notre Église n'ont pas été observés. Et cela me contrarie particulièrement, parce que l'Église canonique d'Ukraine du Métropolite Onuphre et l'épiscopat du pays sont ignorés," a dit le Métropolite Séraphim. 

"Nous prions pour la convocation d'un concile panorthodoxe, d'un concile œcuménique, afin de résoudre un problème aussi grave", a-t-il souligné.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

Une vie simple

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Le staretz Païsssios dit,

"Plus les gens s'éloignent de la vie simple et naturelle et embrassent le luxe, plus ils souffrent d'anxiété."

Assis ici sur le patio d'une maison historique au bord de la cauldera à Santorin en Grèce, je réfléchissais aux nombreuses bénédictions que j'ai reçues au fil des ans, y compris une abondance de luxe. Je n'ai jamais été forcé de vivre dans la pauvreté et j'ai passé la majeure partie de ma vie loin d'une vie simple. Mais, dans mes années de maturité, j'ai toujours voulu vivre une vie plus simplement en harmonie avec la nature. Je peux comprendre ce que dit le staretz Païssios.

À un moment donné, j'ai fait partie d'un petit groupe qui a décidé de changer son mode de vie, de vivre simplement et volontairement en harmonie avec la nature et l'esprit. L'idée était de vivre de la terre, de façon autosuffisante et durable. Nous avons créé un jardin biologique, utilisé des panneaux solaires pour notre électricité, utilisé du bois pour chauffer nos maisons et fait un usage minimal de l'équipement électrique. Nous n'avions pas de tracteur et nous faisions tout le jardinage à la main. Nous avons construit nos maisons en utilisant le bois coupé des arbres de la propriété. C'était une vie simple et proche de la nature.

Le staretz Païssios ajoute,

"Les gens essaient de se calmer avec des tranquillisants ou avec les théories du yoga, et ils négligent complètement la vraie sérénité qui vient quand l'âme est humble et que Dieu la remplit de consolation divine."

J'ai aussi expérimenté ce chemin pour échapper aux angoisses d'une vie matérialiste mondaine. J'ai utilisé des tranquillisants au début de ma carrière et j'ai participé à un programme de méditation qui promettait paix et harmonie.

Ni l'une ni l'autre de ces approches ne satisfait l'âme. En vivant en harmonie avec la nature et l'esprit, il y avait un certain soulagement de l'anxiété de la vie urbaine, mais il y avait de nouvelles formes d'anxiété qui remplaçaient les anciennes. Notre tentative de vivre la vie utile n'a duré que cinq ans avant d'être abandonnée comme idéaliste et comme une façon peu pratique de vivre dans notre culture moderne. C'était aussi une approche mondaine de la vie.

Le staretz Païssios dit,

"Quand nous voyons une personne qui a tout, être stressée, anxieuse et triste, nous devons savoir que Dieu est absent de sa vie. En fin de compte, même la richesse fera souffrir les gens, parce que les biens matériels ne peuvent pas vraiment les satisfaire. C'est une double affliction."

L'anxiété dont nous cherchons à être soulagés est causée par une maladie spirituelle. Nous sommes séparés de notre créateur, Dieu. Notre âme pleure et cherche à se réunir avec Dieu. Nous cherchons un sens aux choses matérielles et aux activités mondaines, mais elles ne peuvent satisfaire ce qui manque.

La joie et la paix viennent d'une relation réalisée avec Dieu, une relation personnelle, basée sur l'amour mutuel. Comment nous en rendons-nous compte ? C'est ce que j'ai trouvé être le mode de vie chrétien orthodoxe basé sur les enseignements de Jésus-Christ et de Ses disciples tel qu'il est enseigné par nos Pères de l'Église.

Tel est le but de l'Église, le Corps du Christ ici sur terre en ce moment. Alors que je vivais dans une communauté intentionnelle conçue pour vivre en harmonie avec la nature et l'esprit, on m'a donné l'idée d'abandonner mes propres solutions à l'angoisse que je ressentais et de m'abandonner au Christ et à son Église. J'ai alors dû chercher et apprendre ce que l'Église enseignait. Saint Théophane le Reclus, dans son livre La Voie du salut, a donné la direction nécessaire. J'ai aussi eu la guidance silencieuse de mon ange gardien qui m'encourageait à ne pas rationaliser ou débattre ce que les saints de l'Église enseignaient, mais à m'efforcer de comprendre ce que je ne pouvais pas encore comprendre pleinement. C'était un nouveau mode de vie pour moi, car j'avais toujours pensé qu'il fallait que je le découvre par moi-même. 

J'ai découvert que j'étais mon propre juge de la vérité. Cette idée de capitulation n'était pas naturelle pour moi. Parfois, j'avais l'impression de retourner au Moyen Âge. Mais, j'ai toujours ressenti un sentiment de réconfort en sachant que ce chemin était une Tradition ancienne fondée sur la vie et l'enseignement du Fils unique de Dieu, qui était à la fois pleinement Dieu et pleinement Homme.

La fondation de mon chemin était la pratique de la prière de Jésus. J'avais appris la Passage Meditation [méditation de passage] beaucoup plus tôt, mais j'ai vécu la prière de Jésus comme beaucoup plus bénéfique parce qu'elle était basée sur une relation personnelle avec Dieu, en Son Nom. Cela a également conduit à de nombreux avantages revendiqués par la méditation de passage. D'une manière importante, la prière de Jésus était plus importante.

Les Pères de l'Église nous donnent une direction claire pour vivre une vie sans angoisse, en faisant chaque pas en compagnie de Dieu. Cela ne promet pas une vie sans lutte ni difficulté, mais une vie où toutes les épreuves et les tribulations peuvent être accompagnées avec le réconfort de Dieu à vos côtés.

Les dix principes du mode de vie orthodoxe fournissent tous les éléments fondamentaux dont vous avez besoin. Ce chemin commence par la foi, la croyance en la Vérité des enseignements évangéliques, le baptême et la chrismation. Suivez ce lien pour explorer ces dix principes. (à suivre dans le prochain message du blog!)

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

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